« Pour percevoir le monde, les espèces animales disposent d’un arsenal de modalités sensorielles variées ». Benoit Grison, biologiste et chercheur à l’Université d’Orléans, nous ouvre les portes de la perception animale pour en révéler la richesse et la complexité : chimioréception, mécano-réception, proprioception… grâce aux dernières découvertes scientifiques. La lecture est agrémentée des dessins d’Arnaud Rafaelian, pleins d’humour comme celui du narval qui demande qu’on déguerpisse parce que je sens qu’une sacrée minette va arriver ! Des encadrés apportent des informations complémentaires, avec des schémas précis, sur un point précis comme l’évolution de l’œil ocelle à l’œil caméscope. Saviez-vous que la vision a fait son apparition avec les protistes, organismes à cellule unique équipée d’un véritable œil ? Seuls les céphalopodes ont un œil « caméra ». Les yeux caméscopes du calmar géant ont les plus gros globes oculaires, développés pour échapper aux cachalots. Certaines crevettes sont dotés de 12 catégories de photorécepteurs pour discriminer les couleurs contre 3 chez l’Homme ! En Nouvelle-Zélande, un reptile possède un 3° œil et peut-être même un 4° ! Vous apprendrez aussi que beaucoup de « bêtes à poil » sont dichromates ne percevant que deux couleurs. Le 2° chapitre est consacrée à la perception et molécules. Les phéromones sont des signaux chimiques que s’envoient les insectes pour communiquer. Qu’en est-il chez les poissons ? Chez les oiseaux, des découvertes étonnantes ont montré que beaucoup d’espèces aviennes ont « du nez ». L’auteur donne les noms des scientifiques et les lieux des découvertes, ce qui rend la lecture très intéressante. Francesco Bonadonna a démontré que le pétrel bleu des Kerguelen arrive à regagner sa tanière la nuit grâce à l’odorat, il en est de même pour le pigeon voyageur. Les autres chapitres sont consacrés aux Good vibrations : de l’oreille et du tact ; Le sens du courant : la perception des champs électro- magnétiques et Synesthésies : sens du mouvement et perception corporelle. En conclusion l’auteur rappelle que le problème est de déterminer quand l’animal perçoit « consciemment » ces stimulations. Les animaux souffrants sont-ils dotés de « sentience » ? Les neurosciences permettent de reconsidérer le problème de la souffrance animale et ont contribué à discréditer les prétentions de « supériorité » de notre espèce. En fin d’ouvrage, un glossaire explique les termes suivis d’un astérisque et une importante bibliographie. Cet ouvrage illustré permet au grand public de connaître les dernières découvertes en neurosciences sur la perception animale.
Benoit Grison, Ill. Arnaud Rafaelian, Delachaux et Niestlé