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Le monde du silence gueule !

Cette BD se présente comme un film dont les animaux marins sont les acteurs. Après une double page de présentation de la planète bleu, c’est le picoplancton qui commence le spectacle. On ne le voit pas mais il est bien présent et il n’hésite pas à nous interpeller et même nous disputer. Deux dauphins qui assurent la mise en scène interviennent pour modérer ses propos, « il ne faut pas braquer les spectateurs ». Ce dialogue savoureux et très drôle entre le Pictoplancton et les dauphins donne le ton de la BD, on va tout savoir sur la vie dans l’océan en riant beaucoup. Les acteurs vont se succéder, c’est le Phytoplancton qui prend le relais pour nous dire qu’il produit plus de 60 % de l’oxygène que nous respirons, suivi du Corail qui nous interpelle durement « Eh oui, le corail est un animal… qui se gave de zooplancton !!! » et nous informe sur son utilité et les menaces qui pèsent sur lui. Il laisse à regret la parole à l’anémone en symbiose avec son poisson-clown extrêmement jaloux. Ils vont nous décrire la vie des autres animaux de l’océan, leurs mœurs, les différentes façons de se reproduire, un vrai « cours d’éducation sexuelle sous-marin » très réaliste et aussi super drôle. Suit la plainte de la Baudroie mâle « l’amour sous les océans, c’est pas glamour » suivi de la baudroie femelle qui avec ses lunettes va nous conter l’histoire de notre conquête des océans, nous les humains. Vient ensuite le mérou qui nous raconte la pêche. Très belles images des bancs de sardine mais terrifiante image d’un chalut pélagique et ses énormes pertes, des déchets dans l’océan, des sacs plastique qui tuent tortues, dauphins, requins… Shark TV prend le relais qui nous parle des 540 espèces de requins et de leur rôle indispensable dans la chaîne alimentaire. En un siècle, l’homme en a éliminé 90 % ! Un magnifique et tragique intermède, après la couleur bleue de l’océan, la BD passe au noir et blanc avec l’histoire de l’orque assassine. L’ouvrage s’achève avec Véro, « un petit poisson-cocher (qui) travaille dans une station de nettoyage ». Elle va terminer sur une note volontairement positive sur les correctifs que les humains apportent pour réparer les dégâts et nous parler sur un ton suppliant, « Enfin je sais que vous allez y arriver… je ne suis qu’une petite poisson-cocher mais je crois en vous… de tout mon cœur. ». Cette bande dessinée est géniale ! Immergeant le lecteur dans le « monde du silence » pour nous faire écouter ceux qui « gueulent » avec beaucoup d’humour, elle nous fait prendre conscience de l’urgence d’arrêter notre ignoble exploitation. Un grand coup de cœur !

Julia Duchaussoy, Sébastien Salingue, Ill. Sébastien Salingue, MARAbulles
5/5
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