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Le monde sans fin

Dans le prologue de cette BD, Jean-Marc Jancovici raconte comment à 34 ans il est tombé dans la marmite des gaz à effet de serre et du réchauffement climatique. Très vite il s’engage à fond, il trouve une méthode appelée Bilan Carbone qui est devenue une norme mondiale, en 2002 il écrit son premier livre « L’avenir climatique », il fait partie du Comité de veille écologique, en 2007 il fonde Carbone 4 et préside « The Shift Project ». Comme il le dit, « Je suis devenu vulgarisateur ». Son association avec le dessinateur et scénariste Christophe Blain le fait entrer dans le monde de la bande dessinée. À la lecture de cette volumineuse BD, on devine que leur collaboration a dû être animée entre le « professeur » et le « candide ». Cela donne à leur dialogue qui parcours toute la BD, un ton entre humour et naïveté qui allège un peu le caractère très sérieux et même angoissant du sujet. C’est l’énergie qui va être la vedette de l’ouvrage en la personne de Iron man, un robot assoiffé de l’énergie qui fait tourner toutes nos machines. Le drame a commencé il y a environ 200 ans quand l’homme a abandonné les énergies renouvelables, les seules à sa disposition jusque-là. Les énergies fossiles les ont très vite remplacées et les auteurs nous montrent comment nous ne nous rendons même plus compte à quel point nous en sommes dépendant dans notre vie quotidienne. Pour une chaussette il a fallu une moissonneuse à coton et des tracteurs, des camions pour transporter le coton aux filatures, des usines de produits chimiques pour la teinture, du pétrole avec sa raffinerie et un vapocraqueur pour le tissu synthétique. En termes d’énergie, la comparaison entre la puissance développée par l’homme et celle des machines est saisissante. Un tracteur c’est 600 paires de jambes humaines, un avion c’est 1 million de paires de jambes. On comprend pourquoi cette énergie, d’abord du charbon puis du pétrole et du gaz, a très vite remplacé les énergies renouvelables et a conduit à la croissance continue de l’industrie et des transports. La conséquence nous les connaissance, l’explosion des gaz à effet de serre. De nombreux graphiques montrent l’importance énorme des énergies fossiles par rapport aux autres énergies ne produisant pas de gaz à effet de serre, l’hydroélectricité, le nucléaire sans oublier les énergies renouvelables. Se posent alors les questions de la croissance indéfinie et de l’énergie nécessaire à cette croissance. Entre 1930 et 2020, « on a des machines qui consomment moins mais ça ne nous fait pas faire d’économies d’énergie puisqu’on fait croître le parc de machines ». Les auteurs font un peu l’historique de cette course à l’énergie à tout prix pour un confort de vie sans cesse amélioré et les conséquences. Plusieurs chapitres couvrent la seconde moitié de cette BD décrivant en détail la situation actuelle et les solutions pour éviter une catastrophe climatique : la civilisation des villes, le climat, les énergies non carbonées, la culpabilité, l’alimentation, les transports, le logement, le « Striatum ». Cette BD foisonnante est bourrée d’informations souvent peu connues. Un ouvrage passionnant sur un sujet brûlant qui va sans doute interpeller certains lecteurs, bien servi par une belle illustration précise et pleine d’humour!

Jean-Marc Jancovici, Ill. Christophe Blain, Dargaud

5/5
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