Cet ouvrage est surprenant ! Il aborde une thématique peu traitée, celle des « blancs » laissés sur les cartes. « La cartographie est aussi l’art de l’omission ». Les deux auteurs sont géographes et Xemartin Laborde est journaliste-cartographe au journal Le Monde. La priorité est donnée à l’iconographie, avec de grandes cartes légendées. Ils ont pris le parti de s’intéresser au vide. Sont-ils des oublis involontaires ou volontaires dans un but d’invisibilité ou dus à un manque d’informations ? Ils montrent comment le blanc a été traité au cours de l’histoire en quatre figures. La figure 1 révèle une carte ou les blancs ont été comblés par des créatures imaginaires. La figure 2 montre une carte de Lisle de Bourbon où tout le centre est blanc. Figure 3 Lewis Carroll laisse toute la place à l’imagination. Figure 5, sur cette carte du monde, les dégradés de noir et blanc permettent de distinguer les degrés de civilisation. Les cartes commentées sont réparties en quatre parties. La partie 1 démontre l’existence de nombreux déserts de données. Google street view donne une vision fragmentée du monde. Un zoom sur la carte d’Allemagne révèle une grande partie, en 2022, non couverte. L’exploration des fonds marins est encore lacunaire. Une carte mondiale où « le vide en dit plus que le plein » a pour sujet le temps supplémentaire passé par les femmes au travail domestique non rémunéré. Partie 2, faire parler les blancs des cartes en révélant d’autres formes de vides. Les pays à 0 degrè de latitude sont ceux qui sont à cheval sur l’équateur. En fait, suite à une erreur, l’Équateur est le seul pays qui n’est pas à cheval sur l’équateur. Partie 3, représenter le vide : par exemple des zones blanches correspondent à celles où il n’y a aucune connexion internet. Les cartes d’émission lumineuse ont des usages multiples comme l’étude des zones de pollution lumineuse. Elle révèlent aussi « les trous noirs », les déserts humains. Partie 4, révéler ou masquer le blanc, l’attention est attirée sur le processus d’invisibilisation dans le but de donner à voir d’autres visions du monde. En période de guerre, actuellement en Ukraine, aucun objet n’est cartographié afin d’éviter par l’ennemi l’utilisation de données. En France pendant longtemps les aires dédiées aux gens de voyage n’étaient pas répertoriées. Un travail remarquable a été fait pour la détection d’activités de pêche illégale (grâce aux balises AIS). En annexes, bibliographie et sources des fonds cartographiques et base de données. Par ces différentes manières d’interroger les » blancs » des cartes, les auteurs permettent des visions diversifiées de voir le monde.
Guide des plantes sauvages comestibles
L’auteur, enseignant en botanique en faculté, est aussi l’auteur, dans cette même collection, du Guide des plantes médicinales et du Guide des plantes toxiques et