Tout d’abord, oublions l’idée simpliste que le zéro est une évidence et qu’il n’y a pas de quoi en faire un livre. Le grand Aristote refusait de le considérer comme un nombre. L’auteur présente les grandes étapes au début de son ouvrage: « tout ce qui va se passer ». Le zéro va être utilisé par les babyloniens, les grecs et les indiens mais le premier qui va tenter de légitimer le zéro est le mathématicien grec Jamblique au IVᵉ siècle apr. J.-C. « inventant à la fois le zéro arithmétique et le zéro positionnel ». Il sera oublié ! C’est celui-ci, le zéro positionnel, moins problématique, qui va être utilisé à Babylone, en Grèce et en Inde avec la numération positionnelle décimale. C’est Brahmagupta en 628 qui va réintroduire le zéro arithmétique qui permet de résoudre les équations d’une façon systématique. Il sera suivi par le fameux mathématicien perse (qui écrivait en arabe) Al-Khwarizmi au IXᵉ siècle et surtout les Indiens dans les siècles suivants qui vont perfectionner et simplifier les calculs au point d’éliminer petit à petit les abaques et bouliers. Et en Occident ? L’Espagne est alors en grande partie sous domination musulmane. En fait c’est par des moines chrétiens vers 950 que les chiffres indiens sont introduits dans le Codec Vigilanus. Hélas ils ont oublié d’importer le zéro ! Des auteurs « soit oublient d’importer le zéro, soit ne comprennent pas vraiment ce qu’est ce symbole étrange. Il faudra attendre le milieu du XIIᵉ siècle pour qu’une double introduction du zéro en Occident aboutisse enfin » grâce à une traduction d’Al-Khwarizmi et aux livres de mathématiciens comme Fibonacci. Les marchands vont l’adopter très vite (car il permet de faire simplement des calculs compliqués) bien avant l’ensemble de la population (lire le chapitre 10). Les derniers chapitres jusqu’à l’époque moderne avec l’informatique en passant par la numération maya sont tout aussi passionnants. Oui, le zéro mérite vraiment une histoire et Antoine Houlou-Garcia nous la raconte avec son humour habituel et tout le sérieux que le sujet mérite. Ajoutons qu’il n’est nul besoin d’être mathématicien pour aborder ce livre. Un index des noms et des notes abondantes complètent cet excellent ouvrage.
La science à contre pied : un livre collaboratif du Café des sciences
Comme l’explique, Stéphane Debove, président du Café des sciences, ce livre est hors norme pour trois raisons : i) les 40 contributeurs, blogueurs, dessinateurs et youtubeurs