Il est des hommes extraordinaires qui ont accompli des prouesses. L’auteur et l’illustrateur ont eu accès à l’immense documentation du professeur Malaurie et ont profité de son écoute bienveillante. Jean Malaurie est un scientifique qui a mené des expéditions dans l’Arctique sur le plan de la géomorphologie, comme il l’avait fait auparavant dans les déserts. Puis sa rencontre avec les Inuits va être déterminante car, éprouvant un profond respect pour ce peuple, il va faire connaître leur mode de vie et leur approche de la spiritualité. Au début du récit, en 1950 dans le Sahara, le lecteur est saisi par ces dessins dans les teintes rouges de l’Atakor montagne volcanique où il compare des mesures de gélifraction avec celles relevées en haute altitude au Groenland. Il reçoit alors l’autorisation d’une mission à « Thulé… les esquimaux du pôle ». Magnifique double page évoquant son rêve des « Parfaits » devenus immortels grâce à la sagesse de leur vie. Juillet 1950, il est le seul passager à débarquer au sommet du monde pour une année… Il va vivre des instants magiques lors de la rencontre avec un chaman qui ressent son affinité pour le peuple inuit et son souhait de comprendre le message des minéraux, de la glace ; « Je te protégerai ». Les dessins sont parfaitement adaptés pour évoquer ces grandes étendues, dans les teintes gris-bleu. Frédéric Bihel, dessinateur, traduit tous les sentiments de Jean Malaurie lors des grandes étapes, noir dominant lors de sa période de dépression et de sa traversée de la tempête, seul sur son traîneau avec les chiens. Les zooms sur les visages sont aussi très révélateurs, contraste entre un Malaurie dépressif et un Malaurie épanoui lors de ses échanges avec les Inuits. Le lecteur est admiratif du graphisme, des pleines pages superbes restituant la lumière, au loin sous un ciel sombre des montagnes et au premier plan Malaurie sur son traîneau ou dans un espace blanc infini une toute petite cabane d’hivernage, lumineuse blancheur et extraordinaire silence… Le récit est intense et passionnant car le lecteur suit toute l’évolution de Malaurie qui devient « autre » et veut faire connaître ce peuple menacé par de terribles dangers. Partageant leur vie et leurs coutumes, il va entreprendre de dresser leur généalogie. Des carnets de croquis révèlent tout son travail d’enquête concernant 1010 vivants et morts. En fin d’ouvrage sont ajoutés des documents essentiels : une lettre de Malaurie à son ami inuit Kutsikitsoq avec une photographie, une chronologie accompagneé des dessins retraçant la triste histoire du peuple Inuit avec le peuple Blanc, la biographie de Malaurie explorateur, scientifique et chercheur, humaniste, écrivain et cinéaste. Une BD d’une grande profondeur humaine qui sensibilise à la cause Inuit. Un grand coup de cœur !
Mobius. 1- Les fils du vent
Quels dessins pour ces gitans aux traits bien marqués dans un campement de la région parisienne ! Madame Lee avec son équipe est chargée de capturer