Le charme principal de cet ouvrage résulte de l’esprit humaniste qui conduit Guido Tonnelli physicien expérimentateur des hautes énergies et un des artisans de la découverte du boson de Higgs à entrainer le lecteur dans un long voyage en quête du temps ; ce voyage le verra considérer non seulement des œuvres d’art questionnant le temps mais aussi des développements anthropologiques ou philosophiques comme autant d’écrins de la nature scientifique du Temps au gré des diverses théories scientifiques, très dérangeantes en particulier au XXe siècle. L’auteur est également un grand humaniste, à la culture très étendue, historique et artistique et toutes ces convocations d’évènements passés rend cette quête concrète, originale et présente.
Le prologue nous emmène dans la sensation première du temps, éternel recommencement, à partir du jeu de la toupie dont son petit-fils ne se lasse pas, fasciné par l’évolution magique de tout objet un tant soit peu allongé transformé en toupie autour de son axe de rotation. Et cette sensation première nous renvoie immédiatement aux cycles du Soleil, de la Lune, des saisons, aux premières cosmogonies des civilisations (petit regret à ce sujet car la civilisation chinoise n’est nulle part mentionnée pourtant très riche dans ses apports à l’astronomie encore aujourd’hui).
Dominer le temps, un désir atavique est un chapitre paléoanthropologique qui nous emporte dans l’irruption du sacré, des rites des morts chez les premiers humains désirant par cela établir une chaine rassurante entre les prédécesseurs, les ancêtres, le monde invisible, et les successeurs.
Le chapitre Notre temps part de la perception sensible par notre corps des rythmes qui nous structurent. Le chapitre Un couple étrange nous plonge immédiatement dans le temps intriqué avec l’espace de la relativité restreinte d’Einstein d’abord et de la relativité générale ensuite. La longue histoire du temps passe ensuite aux échelles de temps de l’univers entier et de la cosmologie. Avec Quand le temps s’arrête la quête continue avec la singularité des trous noirs. Les exposés sont captivants et convaincants.
À partir de ce point, Guido Tonelli nous emmène dans le monde pour lui le plus familier, celui de l’infiniment petit et des particules élémentaires. Vies de particules nous plonge dans le temps au niveau particulaire. Le modèle standard y est bien décrit dans sa formulation la plus récente omettant les protons et neutrons présents dans les noyaux puisque ceux-ci, quoique stables à ce niveau, sont constitués de quarks particules éminemment éphémères. Le temps de l’infiniment petit introduit le lecteur à la mesure du temps dans l’infiniment petit et aux phénomènes complexes de désintégration d’une particule en d’autres particules et les règles suivies dans ces phénomènes. Une relation très spéciale ouvre aux multiples jeux interprétatifs de la relation d’incertitude d’Heisenberg position-vitesse mais aussi énergie-temps qui permettent d’encadrer dans certaines limites masses et temps de désintégration, temps. Est-il possible d’inverser la flèche du temps ? est un chapitre rassurant en y apportant une réponse négative. Le rêve de tuer Chronos nous emmène aux rivages des dernières tentatives de concilier mécanique quantique et relativité proposées par les théories des cordes et celles de la mécanique quantique à boucles qui se passeraient du paramètre temps explicitement. L’épilogue Temps bref nous renvoie à l’instant où l’art sublime les conditions présentes aussi noires soient-elles comme dans la première du Quatuor pour la fin du Temps d’Olivier Messiaen au camp de prisonniers de Görlitz. Un très bel ouvrage de par son propos, scientifiquement juste, mais profondément humaniste.
De l’oenologie à la viticulture
Alain Carbonneau est le fondateur de l’Institut des hautes études de la vigne et du vin(IHEV) à l’origine de recherches et d’innovations. Jean-Louis Escudier est