Jean-Paul Laumond, mathématicien et roboticien, était directeur de recherche au CNRS (LAAS, Toulouse), membre de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies. En écrivant ce livre, il a voulu faire part d’une réflexion profonde sur l’impact de la robotique moderne sur notre relation « au » monde. Jean-Paul Laumond étant décédé le 20 décembre 2021, Alain Berthoz, neurophysiologiste, a souhaité la parution de cet ouvrage, afin de rendre hommage à cet extraordinaire scientifique avec lequel il a travaillé sur la locomotion humaine. « Depuis la nuit des temps, l’homme a rêvé de machines » écrit Jean-Paul Laumond. Aujourd’hui le roboticien doit entrer dans le débat public. « L’objectif de ce livre est d’expliquer en quoi le robot est une « nouvelle machine », de comprendre la perception qu’on en a et l’imaginaire qu’il inspire ». Comment s’y rendre ? Comment s’y prendre. Il est essentiel d’explorer les fondements du rapport entre mouvement et action. Fille de la mécanique, de la cybernétique et de l’informatique, la robotique veut doter la machine de plus d’autonomie d’action. L’auteur prévient le lecteur qu’il pourra sauter les détails techniques, s’il le souhaite. Pour lui il s’agit surtout de comprendre la nature des questions qui se posent. « La science du mouvement sera notre fil conducteur ». Pour montrer l’importance de l’imaginaire, sont évoquées les créatures anthropomorphes imaginées, Héphaïstos, dieu de la robotique. Dans la pièce R.U.R. conçue par Karel Capek, c’est l’apparition du mot « robot ». Le robot Hélène est conçu par le docteur Gall. Il lui a insufflé des capacités spéciales comme avoir de l’émotion et être amoureuse. En littérature et au cinéma de nombreuses créatures sont créées. Asimov popularise le mot puis Joseph Engelberger vend des machines. Après cette entrée par l’imaginaire, il s’agit de faire l’histoire des machines, inséparable de l’histoire le la mécanique. Au Xe siècle de notre ère, Héron d’Alexandrie met au point des machineries de théâtre. Quelle fut la première « vraie machine » ? La machine à tisser en Angleterre, le métier à tisser de Jacquard. Une étape essentielle est la maîtrise de l’électricité suivie de l’électronique et surtout la cybernétique, une véritable science et l’informatique. Le robot sera défini comme une machine équipée de capteurs, d’actionneurs et d’un ordinateur. Le premier vrai robot « Unimate » est né en 1961. Quels sont les robots construits au XXIe siècle. Quelle est la robotique aujourd’hui. La robotique humanoïde, à partir des années 2000. La robotique intervient dans les secteurs traditionnels et aussi apporte de nouvelles perspectives en médecine et exploration spatiale ou sous-marine. Un chapitre très intéressant analyse la notion de mouvement, le mouvement en tant que matière artistique, la science du mouvement du vivant. Alain Berthoz, neurophysiologiste au Collège de France, a placé le mouvement et le cerveau au centre des études sur la cognition. Après ces études des grands principes, est expliqué comment générer un mouvement ? Dans « la mécanique de la marche ou l’intelligence de la gravité », une perspective est explorée : combiner robotique et sciences de la vie. Une des grandes questions d’actualité est de réussir à faire marcher un robot parfaitement, reproduisant le génie de la marche humaine. Il y a encore beaucoup de pistes de recherche à mener. Dans l’exploration des mondes nouveaux, le robot doit être considéré comme un « instrument » au service de la connaissance scientifique. Avec la science du mouvement comme fil conducteur et avoir exploré la place de l’imaginaire, l’histoire des machines, les changements apportés par la cybernétique et l’informatique, Jean-Paul Laumond insiste sur la place des scientifiques dans les débats sur la gestion de notre société. Ceux-ci doivent pouvoir en avoir le contrôle maintenant et quel futur nous nous souhaitons, « c’est tout l’enjeu politique et humain de la robotique ».
Les secrets du soleil
Miho Janvier, astrophysicienne à L’Institut d’Astrophysique Spatiale (IAS), est une spécialiste du Soleil. Elle travaille aussi pour la mission Solar Orbiter de l’Agence Spatiale Européenne