Cet ouvrage était très attendu car il fallait tout le savoir accumulé par une chercheuse depuis près de cinquante ans et son talent de communicante en tant que titulaire d’une chaire d’histoire des femmes. Comme l’écrit Michelle Perrot, dans la préface ce livre sonne comme un manifeste, la « revanche des oubliées ». Il ne faut pas oublier que l’histoire a surtout été écrite par les hommes et de ce fait, à part quelques exceptions, on entendait peu le peuple des femmes ! Yannick Ripa revoit les grands événements montrant comment les femmes les ont perçus et quelles actions elles ont menées. Cette lecture de l’histoire selon une trame féminine montre tout d’abord le consentement au modèle patriarcal puis leur contestation et leurs luttes pour leur émancipation. Elles ont peu à peu accédé à l’espace public, au monde de la culture et du travail. Cette analyse détaillée se fait selon un plan chronologique en six grandes périodes : Des femmes en révolution; Des femmes entre traditions et révolutions ; Accepter ou combattre la condition féminine ; En finir avec le XIXe siècle féminin ; Un pas en avant, un pas en arrière ; Des trente glorieuses au féminin. À l’intérieur de chaque partie, les différents chapitres ont des titres qui explicitent les grandes étapes comme « Aux hommes le public, aux femmes le privé » ; « Le refus du silence imposé » ; « Les effets inattendus du baby-boom ». Les textes sont accompagnés d’une très riche iconographie : extraits de correspondances, de journaux intimes, d’archives et de presse, de peintures, de reproduction de documents d’époque, de portraits… De grandes figures, Olympe de Gouges, George Sand, Louise Michel, Marie Curie, Simone Veil, sont évoquées mais le lecteur va découvrir avec grand intérêt, Rosa Bonheur, peintre reconnue au salon de 1853, Julie-Victoire Daubié, « bachelier » à l’âge de 40 ans en 1860, Hubertine Auclert suffragette, Maria Deraismes, la première philosophe féministe, Les Rochambelles au secours des blessés pendant la seconde guerre mondiale… En fin d’ouvrage, dans une partie très intéressante « Atelier de l’historienne », Annick Ripa analyse le travail d’historienne des femmes. Avec une bibliographie sélective et un index des noms de cherheur.e.s. Un exceptionnel ouvrage de référence.
Yannick Ripa, Belin (Références)