Anne-Lise Heurtier écrit des livres souvent inspirés de faits réels et de faits de société, comme son roman « Sweet sixteen » qui a remporté un grand succès. L’histoire « Des sauvages et des hommes »lui a été inspirée par des faits réels, au temps des colonies et des « zoos humains ». En 1931 des membres d’une tribu Kanak en Nouvelle-Calédonie sont invités à aller à Paris pour une mission spéciale. Edou qui n’a jamais quitté son pays, se faufile dans le groupe. Il leur a été dit qu’ils allaient présenter leur culture à l’Exposition coloniale. En fait ils vont être parqués au Jardin d’Acclimatation, dans un enclos avec une pancarte « Cannibales » ! C’était l’époque où dans des zoos humains, étaient exposées des spécimens des colonies. « Le public veut du frisson, le public veut voir… des bêtes ». Dans la presse « Les derniers cannibales des îles lointaines et parfumées ». A l’opposé, Anne-Lise Heurtier décrit une famille bourgeoise, dans le Ve arrondissement. Victor doit faire des études car il va succéder à son père à la tête des draperies Noblecourt. Le lecteur va assister peu à peu au changement de Victor qui va réaliser, avec honte, comment sont traités ces Kanaks qui sont des hommes comme lui ! Il y a des moments émouvants lors de la découverte mutuelle de Victor et Ranou. « Il existe des heures qui sont comme une expansion de vie. Elles sont rares et précieuses… ». Victor pourra-t-il leur venir en aide et faire reconnaître qu’« on n’a pas le droit de forcer des hommes à endosser un rôle qui ne correspond pas à leur réalité » ? Ce roman très fort qui vous marque, inspiré de faits véridiques, fait découvrir et réfléchir aux comportements qu’adoptent des hommes vis à vis d’autres qu’ils jugent inférieurs.
Annelise Heurtier, Casterman