Dès les premières pages, le lecteur est happé pas deux yeux, un monde étrange où un homme fait toujours le même rêve… Puis c’est la triste réalité que vit Vananka, abandonné par son père à 4 ans. Après la mort de sa mère alcoolique, il est pris d’une furieuse envie de partir à la recherche de son père au Mexique. L’aventure commence, monde des trucks, des mecs aux méchantes bécanes, ville d’où l’on veut vite se barrer… Il va être accueilli dans une famille où il devient amoureux de la jeune fille pas comme les autres. « Un instant présent tellement rare » si bien rendu par cette planche de Jef où nagent les deux amoureux. Ils partagent le goût de la musique, Bon Dylan, Santana… et pendant ce temps chante le grand-père chamane. Mais première menace de la part d’hommes violents. Moment de bonheur, silhouette de Vananka qui se détache dans la nuit… Puis à nouveau contraste, éclats de couleurs et de bruits à la fête, rencontre avec les hommes des cartels. Mise en page originale et dynamique pour montrer la violence qui couve, gros plan sur ces visages hideux, attrait et répulsion pour le danger… Le rouge dominant sur la double page exprime la passion vécue par le couple. Ensuite le lecteur est embarqué dans un engrenage d’événements. Vananka a accepté de travailler pour eux, ces trafiquants de drogues. Puis une autre étape est franchie quand ils se lancent tous les deux avec le sentiment d’« aller tout droit vers des embrouilles bien épaisses ». Explosion des vignettes : transmission de pensée du petit frère qui communique avec la nature, des rêves qui deviennent des cauchemars, poursuite non pas d’homme mais d’animaux enragés… Stupéfiante planches représentant un kaléidoscope de personnages ! Dans ce monde si étrange et si violent, Vananka va-t-il un jour retrouver son père ? Une épopée fantastique dans un monde border line où un homme est en quête de son père sur fond de violence et de passion.
Kevan Stevens, Ill.Jef, Éditions Soleil