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La forêt hyperconnectée

Cet ouvrage a une présentation originale. Il est structuré en abécédaire et facilite l’accès aux différents sujets traités de A comme arbre et amanite à Z comme zone de combat en passant par L comme Lichens et T comme truffe. Francis Martin, directeur de recherche à l’institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) est un scientifique, spécialiste mondial des mécanismes symbiotiques entre les champignons et les arbres. Du fait des changements climatiques, dégradation et déforestation, il est urgent de lutter contre la « cécité botanique ». Il voudrait nous « faire percevoir, voir, mais aussi toucher, sentir et écouter… Je voudrais vous faire goûter les mille plaisirs d’une promenade sensuelle dans les bois ». Du littoral méditerranéen à la taïga arctique, l’auteur va nous démontrer que la forêt est hyperconnectée de même qu’un réseau internet. Tout au long du livre, photographies et schémas très précis explicitent les informations. Dans l’humus il y a de multiples réseaux qui permettent aux arbres de nouer des alliances essentielles. L’amanite tue-mouches sait dialoguer avec les racines des arbres. Il tisse sa toile de filaments souterrains dans le sol et l’humus pour une alliance à bénéfices mutuels. Le processus biologique de coopération est d’une grande complexité. Savez-vous que le cèpe est un organe sexuel dont la fonction est de générer et porter les spores et de faciliter leur dissimilation ? La Décomposition du bois mort par une guilde de champignons joue un rôle majeur dans l’écologie des forêts. Il est nécessaire de multiplier les Forêts ayant une grande naturalité afin de restaurer la biodiversité mise à mal par les hommes. Les fleurs des sous-bois comme les Jonquilles nous racontent l’histoire secrète des forêts car les communautés végétales gardent la trace des temps anciens. Les Lichens sont des êtres hybrides, issus d’une association pérenne entre un ou deux champignons et une algue microscopique. Ni végétaux, ni champignons, ils sont l’aboutissement d’une symbiose à bénéfice mutuel. Connaissez-vous le Satyre puant ? Ce phallus impudique dégage une odeur nauséabonde. Les composés volatiles, servant de messagers olfactifs, jouent un rôle clé dans les interactions entre les végétaux et les insectes. Cette pérégrination sylvestre a montré que les arbres ne sont jamais seuls, que les forêts sont des écosystèmes complexes. Le lecteur se sera rendu compte de l’étroite imbrication de toutes les strates du vivant. « Le vieux chêne comme le prunellier des lisières, la girolle des sous-bois comme les mousses des fonds humides ont tous une valeur immense et doivent être préservés ». Un grand coup de cœur pour cet ouvrage qui nous dévoile les dernières connaissances scientifiques sur tous ces liens invisibles que tissent les organismes de la forêt.

Francis Martin, Ill. Anne Bordenave, Salamandre

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