Face aux mesures de confinement, l’homme a pris conscience de son besoin essentiel de nature. De nombreuses personnes ont quitté les villes pour s’installer à la campagne. Il est vrai qu’il se passe quelque chose d’unique au contact de la nature. La nature induit des bénéfices sur la santé dans toutes ses dimensions, physiologiques, cognitives et psychologiques, comme va l’exposer Michel le Van Quyen, directeur de recherche à l’INSERM, tout au long de cet ouvrage. Seront également explorées les expériences qui sollicitent les cinq sens ainsi que les mécanismes mis en œuvre dans différents milieux. Il est passionnant de découvrir ce qui se passe dans notre cerveau et sa périphérie quand on est immergé dans la nature ! Il donne aussi une belle leçon d’histoire des sciences en citant les scientifiques avec leurs expériences qui ont fait des découvertes. Pourquoi « Se plonger dans la forêt » est-il si bénéfique ? L’auteur explique que « le calme forestier sollicite une partie de notre cerveau le plus ancestral, le système nerveux autonome, appelé aussi le système végétatif, celui qui ne dépend pas de notre volonté. » De nombreux schémas explicitent les informations comme celui qui montre les effets de la forêt sur les trois grands systèmes de notre organisme, constamment en communication et en collaboration pour assurer le bien-être. Pour soigner la dépression, faire cesser les ruminations mentales, rien de tel qu’un bain de forêt. L’auteur cite aussi des écrivains se référant à la nature comme André Comte-Sponville. Pourquoi l’environnement marin est-il si reposant ? Savez-vous ce qu’est la proprioperception ? Comment faire l’expérience de ce sens ? Pourquoi la « flottaison » apporte-t-elle un soulagement aux souffrances physiques des malades ? Savez-vous qu’à l’aube, la joie éprouvée a une origine biologique: elle résulte de l’effet de la lumière sur la chimie du cerveau ? Un schéma montre une toute petite partie du cerveau qui sert d’horloge biologique, en journée il interrompt la sécrétion de mélatonine et à l’inverse l’active le soir. Le lecteur est stupéfait devant ces mécanismes ultra pointus qui régulent notre vie ! La nature propose un kaléidoscope de couleurs célébrées par les peintres. N’oublions pas que la couleur se construit dans le cerveau. Que se passe-t-il quand on éprouve la beauté des couleurs ? Grâce à l’imagerie à résonance magnétique fonctionnelle, il a été conclu qu’il existe dans le cerveau une zone systématiquement corrélée à l’expérience du beau. « Seule la beauté permet d’interagir avec les processus neuraux liés au soi ». Nous avons ainsi l’impression que la beauté « nous touche du dedans » et nous ressemble. D’autres chapitres sont consacrés à la similarité entre la structure du cerveau et celle des plantes, sur l’importance de vivre à son rythme, de croiser le regard d’un animal, de laisser les enfants se salir pour avoir un microbiote équilibré toute leur vie, de savoir écouter le silence des montagnes et de contempler les étoiles. Cet ouvrage est passionnant, rendant compte des dernières recherches actuelles, il nous permet de comprendre « pourquoi nous avons besoin de la beauté du monde » et d apprécier encore plus et en toute connaissance de cause le bien-être physique et psychologique que la nature nous procure
Michel le Van Quyen, Flammarion