Vinciane Despret, philosophe et psychologue très connue, interroge notre rapport aux animaux. À la suite d’Ursula le Guin, autrice de science-fiction, qui a inventé la « thérolinguistique , elle déchiffre ce qui est écrit par les animaux. Il s’agit de chercher dans l’invisible, dans les échanges et interactions qui nous échappent, comme le monde des vibrations créés par les chauves-souris. Le lecteur est ainsi emmené de la science avec de nombreuses références à des recherches scientifiques récentes à tout ce qui est rédigé avec une extraordinaire imagination dans les notes, allocutions, lettres et compte-rendu de colloques comme, avec beaucoup d’humour, le discours d’ouverture de l’exposition sur les wombats. Le lecteur va ainsi découvrir, dans trois chapitres, ce qu’ont à nous dire trois grandes espèces. Savez-vous que la poésie vibratoire des araignées fut découverte par l’étude des acouphènes que présentaient la plupart des arachnologues ? Les araignées seraient ainsi des « chanteuses silencieuses » dont la poésie insonore s’écrit sur la vibration infime des toiles… Nous devons les traiter en artistes car elles aiment la musique. Connaissez-vous l’architecture sacrée des wombats d’Australie ? C’est en étudiant leurs fèces que l’on a découvert la fonction symbolique des murs construits par les wombats, rappelant les cairns fabriqués par les humains afin de « lier la Terre et le cosmos ». Cela a amené à voir d’une toute autre façon les constructions animales. L’étude des poulpes ou « communauté des Ulysse», montrant qu’un enfant autiste est un être surdoué, est passionnante ! Toute cette façon de reconsidérer les animaux en lisant leurs écritures pour en découvrir toutes les richesses, est une excellente manière de remettre l’homme à sa place dans l’arbre du vivant !
Vinciane Despret, Actes sud (Mondes sauvages)