Précédent
Suivant

L’éternité béante


Etienne Klein, est à Princeton, ville de la célèbre université. Écoutant de la musique, il se retrouve « enveloppé dans un rêve improbable » très bien suggéré par le dessein de Christian Durieux. Quelle n’est pas sa surprise de se retrouver face à Albert Einstein qui lui explique, que, dans un rêve, le temps ne s’écoule pas normalement ! Albert Einstein lui propose de partir en voyage pour voir « ce fameux monde du XXI° siècle. Et les voici installés tous les deux sur « l’ESPACE-TAON » que le lecteur va découvrir sur une superbe double page ! C’est le plus beau jour de sa vie pour Étienne. Albert lui rappelle son idée la plus heureuse de sa vie : « une personne en chute libre ne ressent pas son propre poids ». Étienne l’emmène dans un avion pour qu’il l’expérimente. Toutes les explications scientifiques sont rendues explicites pour le grand public par les illustrations pleines d’imagination (Etienne et Albert en train de faire un salto…) des croquis et reproduction de documents d’époque… Ce voyage est l’occasion d’avoir l’avis d’Albert Einstein sur les phénomènes scientifiques passés ou présents, lui qui souvent faisait des expériences de pensée, en mettant en scène son propre corps. « Que se serait-il passé si Galilée avait pu effectuer un vol parabolique ? Une fois dans l’espace, il est bien sûr question de sa position controversée sur l’espace statique… Arrivés sur la Lune, c’est l’occasion de retracer l’histoire de la course à l’espace, du désir d’aller sur Mars, de l’exploit des scientifiques qui ont capté le fonds diffus cosmologique et détecté une onde gravitationnelle… Albert est très ému de voir une image d’un trou noir supermassif, ce qui donne lieu à une vive discussion. « J’ai le cerveau tout retourné » ! Et qu’en est-il de la physique quantique ? Etienne lui dit qu’un phénomène qu’il jugeait impossible, a été démontré expérimentalement : la non séparabilité quantique. Pour permettre de comprendre concrètement le désaccord entre Einstein et Bohr, Etienne utilise une analogie. Si vous entriez dans une bibliothèque et que vous trouviez un livre dont le bibliothécaire dit qu’il n’en existe aucune trace. Et Einstein fait de même en prenant deux cartes, une bleue et une rouge, placées chacune dans une enveloppe. Cette controverse a été réglée en laboratoire. Ils vont voir Alain Aspect qui leur explique que ses expériences avec des photons ont montré que les prédictions de la physique quantique sont justes. Albert, très pertubé, manque de tomber par terre !… Le voyage dans leur « univers-bulle » se continue à Berne où Einstein a vécu des moments heureux avec ses amis discutant de philosophie dont  « la science en est un peu la fille ». Ils parlent de la nature de la lumière, de la relativité restreinte… Le lecteur va se trouver immergé en montagne, Étienne propose à Albert de gravir le mont Cervin. Cela rappelle à Einstein que c’est lors d’une ascension qu’il a compris « les effets qu’a sur la mesure du temps, la propagation de la lumière… ». Changeant de latitude, ils se retrouvent devant le dôme d’Hiroshima où avaient lieu des expositions industrielles. Cela les mène à débattre de la responsabilité d’Albert en tant que père de la bombe atomique ! Reprenant leur monture, Etienne veut lui faire découvrir le monde numérique : mobiles du crime, data center, « On dirait que la terre est une pelote de laine et qu’une créature supérieure est en train de jouer avec elle ». Étienne l’emmène à Paris mais l’espace-taon suffoque dans cette atmosphère… Ce voyage se conclue par un magnifique final : un discours d’Albert, au Royal Albert Hall, là même où il avait fait une conférence en faveur des réfugiés en 1933, sur ses impressions sur notre monde et sur le statut physique du futur. L’excellent scénariste Laurent-Frédéric Bollée, auteur de « La bombe » avec comme cartographe des univers, Christian Duriux, ont permis à Etienne Klein, physicien, de s’embarquer, dans un rêve improbable avec Albert Einstein, pour un road trip, à la fois scientifique et philosophique, revisitant les théories d’Albert Einstein et le faisant réagir face à la conquête spatiale, aux dernières découvertes, au monde numérique, à la cause environnementale et à notre avenir.

Etienne Klein, Laurent-Frédéric Bollée, Ill. Christian Durieux, Les liens qui libèrent, Futuropolis (BD)

5/5
Partager sur facebook
Partager sur google
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

Publications dans la même catégorie

Portraits

L’auteur, ingénieur, a fait des études de dessin stratégique parallèlement à son métier, ce qui explique qu’il est aussi l’illustrateur. Nous sommes en 1838, sur

Lire la suite

MezKal

Dès les premières pages, le lecteur est happé pas deux yeux, un monde étrange où un homme fait toujours le même rêve… Puis c’est la

Lire la suite

Parutions la même année

Avenir

Les usages de plus en plus nombreux de l’intelligence artificielle en médecine, transports, culture… posent des problèmes et suscitent beaucoup d’interrogations quant à notre liberté

Lire la suite

Il était une fois le sport

Et si les humains avaient toujours pratiqué le sport ? Savez-vous que le mot « sport » vient du mot « desporter » qui au Moyen-Age signifiait s’ébattre ? Valérie Delattre,

Lire la suite