Michel Moatti a écrit plusieurs polars historiques dont « Retour à Whitechapel » qui a eu beaucoup de succès. Pour cet ouvrage, il s’est inspiré des journaux du vice-amiral Robert FitzRoy et des écrits de Darwin. Il réécrit le voyage de Darwin à bord du Beagle, en le faisant vivre au fil des jours, avec beaucoup de détails, en particulier sur les comportements des principaux personnages à bord du Beagle. Cette aventure a débuté en décembre 1831. Le capitaine FitzRoy cherchait une personne pour lui tenir compagnie. Il lui a été conseillé Charles Darwin, le jeune naturaliste qui vient d’être diplômé de l’Université de Cambridge. Le récit est captivant, mené comme une histoire policière, alternant entre des extraits du récit de Morgan Moss, cartographe du bord et de souvenirs de Charles Darwin, passager surnuméraire du vaisseau d’exploration Beagle ( extraits des 67 pages du « Carnet C » retrouvé à la bibliothèque de l’université de Cambridge). Charles Darwin est tombé très vite malade mais rien ne peut l’empêcher de réaliser ses observations de la nature au fil des étapes du Beagle, de rapporter des échantillons et d’en faire des compte-rendus très précis. Sa volonté est confirmée par la réception des deux premiers volumes des récits personnels de M. Humboldt. Darwin s’intéresse aux 22 chronomètres dans la cabine du capitaine. Il fait la connaissance des deux Indiens yaghans qui sont ramenés chez eux en Terre de feu. Moss raconte que parfois les discussions sont vives, comme celles avec le chirurgien McCormick à propos du choléra. Darwin est troublé de voir les nombreux esclaves travaillant dans une propriété. Sont aussi citées les notes de bord de Parker Syms, garçon de cabine sur le Beagle, sur les querelles de Darwin avec le révérend Wilberforce à propos de l’évolution dans la nature. Moss raconte avec beaucoup de détails comment Darwin fait ses observations, « voulant cartographier le vivant, l’explorer comme une terra incognita et en montrer tous les soubresauts, toutes les hésitations, l’évolution et l’histoire ». Darwin , stupéfait, trouve un des passagers, Earle, malade suite à la prise d’opium. Puis c’est Darwin qui est persuadé d’être gravement malade, se plaignant sans cesse de douleurs… avec des accès délirants. Et si c’étaient les toxiques contenues dans l’eau de la citerne ? Moss est étonné par la quantité d’échantillons récoltés et expédiés au professeur Harlow à Cambridge. Darwin est inquiet, il voit le policier à bord prélever de l’eau de la citerne. Et en plus il voit un mot posé sur sa table « Monsieur, ne manger rien qui ne soit sûr à bord. Il en ait de votre vie ». En Terre de Feu, « Il est arrivé aujourd’hui l’évènement non pas le plus terrible de notre voyage, mais je crois le plus sombre et le plus chargé d’émotion ». De quel événement s’agit-il ? Le lecteur, de plus en plus captivé, sent que le climat devient de plus en plus angoissant. Comment va se terminer ce voyage, entre les soupçons et la maladie de Darwin ? C’est tout l’art de Michel Moatti de « s’introduire dans des récits pré-existants pour leur faire dire autre chose. Habile et troublant » comme l’écrit Pierre Christin.
Les plantes font leur cinéma De La Petite Boutique des horreurs à Avatar
Katia Astafieff, biologiste, a déjà passionné les lecteurs avec ses précédents ouvrages, Mauvaises graines et L’aventure extraordinaire des plantes voyageuses. Elle est aussi une excellente