Dans cette excellente collection dirigée par Jessica Serra, après le chat, le cheval, les dinosaures… Gérard Leboucher, éthologue, durant toute sa carrière, s’est intéressée au comportement des oiseaux. Les oiseaux forment une des classes animales les plus diversifiées. Comme l’écrit Jessica Serra, environ 10 000 espèces aviaires parcourent aujourd’hui le ciel, les terres et les mers contre seulement cinq mille espèces de mammifères ». Dans cet ouvrage, Gérard LeBoucher apporte de très importantes informations scientifiques, fruit de ses travaux et rendant compte des plus récentes recherches des scientifiques. Les clés pour décrypter toutes les capacités des oiseaux sont présentées en huit grandes parties. Après avoir rendu « visite à des parents éloignés » où il décrit de manière précise ce que sont réellement les oiseaux, des « vertébrés tétrapodes », il fait référence aux recherches de Darwin concernant les becs des pinsons. Il nous est difficile de nous mettre « dans la tête d’un oiseau » par exemple sur le plan de la vision car il nous faudrait la présence d’un quatrième cône et un champ monoculaire très large. Il explique le passage du dinosaure à l’oiseau : « les dinosaures sont parmi nous ». Savez-vous que les plumes sont apparues chez les dinosaures 50 millions d’années avant l’archéoptéryx ? Le compte-rendu des travaux des scientifiques est une belle démonstration des avancées de la science dans un domaine précis. Un chapitre est consacré à la présentation des « généralistes et des spécialistes ». Des espèces sont qualifiées d’« opportunistes » car elles savent s’adapter à des conditions de vie variées, comme le pigeon ramier qui est passé en deux siècles des forêts aux parcs arborés des villes. Qu’est-ce qui a permis au corbeau de se répandre dans le monde ? Entre autres explications, son gout pour les voyages en mer. Parmi les spécialistes, le pic O’Brien qui vit au Brésil, ne se nourrit que d’une espèce de bambou. En fait les deux catégories essayent toutes les deux de tirer le meilleur parti des ressources de leur environnement. Le chapitre « migrations » répondra à toutes les questions que se posent le grand public. Pourquoi partir ? Quels sont les différents types de migrations ? Pourquoi ont-elles lieu toujours au même moment ? Grâce à des travaux approfondis sur le terrain et en laboratoire, ont été mis à jour des rythmes biologiques : les oiseaux ont une horloge et un calendrier internes. Savez-vous que les oiseaux peuvent « recevoir des signaux lumineux non visuels à l’intérieur même de leur cerveau » ? Ils ont aussi trois structures, épiphyse, rétine et deux noyaux à la base du cerveau, qui fonctionnent comme des cellules donneuses de rythme. Pourquoi ont-ils d’exceptionnelles capacités d’orientation ? Savent-ils s’adapter au changement climatique ? Un autre chapitre, très riche, est consacré aux types de séduction, en particulier des chants et des cris, et modes de reproduction. Connaissez-vous la grande singularité de l’appareil producteur des oiseaux mâles ? Ils n’ont pas de pénis ! Le mâle et la femelle sont donc obligés de mettre en contact leurs cloaques. Les descriptions des parades nuptiales ne manqueront pas de surprendre le lecteur, certaines ont lieu en plusieurs actes ! De même des constructions de nids sont d’une grande sophistication, comme ceux des oiseaux jardiniers en Australie. Pourquoi des femelles sont-elles attirées plus par certains nids que nous ne trouvons pas extraordinaires ? Il ne faut pas oublier les capacités des oiseaux à discerner les couleurs, un quatrième cône leur permet de voir les ultraviolets. Un chapitre décrit avec beaucoup de précision la vie en famille : couver en milieu tempéré, durant les chaleurs extrêmes et par un froid glacial, cris maternels et empreintes, communication prénatale. Autre grande question, celle de leurs intelligences en tout genre, comme pour l’apprentissage du chant destiné aussi bien à séduire qu’à avertir d’un danger et comme communication sociale. Les neurobiologistes ont mené des travaux mettant en évidence un phénomène « la neurogenèse », la fabrication de nouveaux neurones. Connaissez-vous le MacGyver des oiseaux ? Il s’agit du corbeau calédonien qui fait preuve d’une grande inventivité en toutes circonstances. Comme le dit Irène Pepperberg, pendant trop longtemps on a considéré les oiseaux comme de simples créatures d’instinct, alors que toutes les données actuelles démontrent qu’ils ont des capacités cognitives « à première vie très différentes de l’homme mais qui en réalité partagent nombre de nos capacités ». De cette constatation, découle l’absolue nécessité de cohabiter ! De beaux exemples existent déjà, comme les oiseaux « indicateurs » de nids d’abeilles avec un bénéfice mutuel homme / oiseau. Comme l’écrit Gérard Leboucher « Sauver les oiseaux c’est aussi nous sauver nous-mêmes ». Gérard Leboucher offre une somme de connaissances extraordinaires sur les oiseaux. Il souhaitait nous montrer ces extraordinaires volatiles sous différents aspects, et peut-être vous amener à penser: « c’est curieux, je les voyais pas du tout comme ça, les oiseaux! ». Pari complétement réussi!
Gérard Leboucher, humensciences (MondesAnimaux)