Pour la première fois, le roman « Sa majesté des mouches » publié en 1954 par William Golding , lauréat du prix Nobel de littérature en 1983, fait l’objet d’une version en bande dessinée. L’autrice, Aimée de Jongh qui est aussi illustratrice, a déjà démontré son grand talent dans « Jours de sable ». Le lecteur est tout de suite immergé dans une nature luxuriante, Ralph, un petit garçon blond, âgé de douze ans, prend un plaisir fou à se baigner… Sur la berge un autre petit garçon, lui est inquiet, que sont devenus les autres ? Il a vu l’avion en feu quand ils étaient en train de tomber ! Soufflant dans une conque, de nombreux enfants arrivent, puis un groupe d’enfants vêtus de capes et casquettes noires sous la direction de Jack, très autoritaire. Il faut choisir un chef. A sa grande honte, c’est Ralph qui est élu ! Aimée de Jongh met en scène le roman de façon réaliste tout en traduisant bien, dans ses dessins, l’évolution du récit et les attitudes de l’enfance. Admirative du style de Golding, les textes sont très proches de l’original. Trois d’entre eux partent en expédition au sommet pour vérifier qu’ils sont bien sur une île. Par une succession de gros plans puis de zooms sur des visages et des détails, Aimée de Jongh dévoile ce qui se passe à la fois sur l’île et dans la tête des enfants, chacun représentant un type de personnalité, l’épris de liberté, l’autoritaire, l’intellectuel, le complexé, le timide, le peureux, l’optimiste… Lorsqu’ils veulent faire un feu, l’un deux a l’idée d’utiliser un verre de lunettes comme verre ardant. C’est un moment de grande joie ! Mais où est passé celui qui parlait des serpents ? Un grand moment d’espoir et d’émotion quand ils aperçoivent un bateau au loin ! Mais les gardiens du feu l’ont laissé s’éteindre… pour ramener un cochon. Les premiers signes de violence apparaissent, des enfants sont heureux et fiers de lui avoir tranché la gorge ! Dans ce face à face de Jack et Ralph, tout est dit… La couleur joue aussi un grand rôle dans cette bande dessinée, pour traduire dans quel contexte se déroule l’histoire. Quittant les couleurs sombres dont le rouge, pour le bleu, c’est l’heure du bilan. Pourquoi cela a t il dégénéré ? Le discours de conciliateur de Ralph est à l’opposé de celui de Jack qui se « fout des règles ». A ce moment clé du récit où tout peut arriver, « Cochonnet » pose la question primordiale : sont-ils des animaux ou des humains ? Ralph est désespéré : « Il venait d’assister à l’agonie de la raison » ! Un monstre aérien est tombé sur l’île. Les scènes sont de plus en plus contrastées. Ralph rêve à son enfance et Jack est prêt à partir pour chasser le monstre. Ralph s’affirme comme le vrai chef, celui qui chasse. S’ensuivent des scènes d’une grande cruauté, Jack, les yeux exorbités, plante son couteau dans la bête qu’on voit agoniser dans une mare de sang dont il expose la tête pour l’offrir au monstre. Comment vont réagir les autres enfants lorsque Jack les invite à faire partie de sa tribu ? Face à Face avec la bête, Simon ne peut détacher ses yeux de « Sa Majesté des mouches ». Trois planches, sur fond rouge, d’une grande intensité, où Simon tente de lui échapper !… Simon va découvrir qui est vraiment le monstre. Il arrive sur la plage où un vent de violence se lève entrainant ceux qui répondent à l’appel de Jack à « s’amuser », à commettre l’irréparable ! Comment vont coexister ces deux clans ennemis ? Le clan de Jack est-il prêt à tout pour assurer sa domination ? Ce roman graphique est une grande réussite ! Il traduit toute la force du roman de Golding. Cochonnet pose une question essentielle : à quel moment et pourquoi l’homme choisit de ne plus suivre les règles, l’ordre et le salut, pour chasser et tuer, le chaos ? Le lecteur sort bouleversé par cette tragédie qui, en ces temps de grande violence, est d’une brulante actualité quant à la nature humaine.
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