Cet exceptionnel ouvrage est né de la collaboration d’un neuroscientifique clinique et d’un artiste Op art renommé. C’est une approche intéressante de la rencontre entre la science et l’art. Bogdan Draganski utilise les illusions créées par l’artiste pour comprendre comment elles sont perçues par le cerveau humain y compris dans le cas des maladies psychiatriques. Youri Messen-Jaschin est passionné par cette forme d’art basée sur les mathématiques, « Pour moi l’Op art est un art vivant, interactif et ludique ». Il s’est rapproché du laboratoire de neurosciences. Le Brain Projet a été mis en place en 2013. Ses œuvres sont soumises à une personne dans une IRM et les impressions sont analysées. Tout d’abord sont présentés les origines, le cadre et les phénomènes de perception visuelle de l’Op art (art optique). Quels sont les principes scientifiques qui le sous-tendent ? Quels sont les acteurs de ce mouvement et leurs apports ? Comment le cerveau se fait-il piéger ? Une très grande place est donnée à l’iconographie sous forme de schémas, photographies et de très nombreuses œuvres de l’artiste avec des commentaires, en particulier sur les symptômes éprouvés par des personnes en train de les regarder. « Caramel », sculpture dont chaque pièce est imbriquée l’une dans l’autre, « Géars » sérigraphie en noir et blanc auquel le cerveau ajoute de la couleur, « Gaïa »… Le professeur, assisté de la chercheuse Sigita Cinciute et de l’Institut Max-Planck de neurologie et de sciences cognitive à Leipzig, explique comment ils ont d’abord localisé les zones cérébrales actives durant l’observation d’une illusion visuelle. Les patients attribuent à l’œuvre une valeur émotionnelle. Ils se sont rendu compte que tout est connecté. Pourrait-on se servir d’œuvres de Pop art pour soulager des personnes atteintes de troubles mentaux ? Cet ouvrage est un bel exemple des relations passionnantes que peuvent entretenir les artistes et les scientifiques !
Bogdan Draganski, Ill. Youri Messen-Jaschin, Favre, 2021