Francis Hallé, botaniste mondialement connu et illustrateur de renom, attire notre attention sur la notion de « beauté » dont parlent si peu les naturalistes qui veulent surtout classer le vivant. Il se pose la question de la nature et de la raison d’être de la beauté. Le lecteur est invité à une quête de la beauté au sein du vivant. Francis Hallé va nous apprendre à voir toutes les formes de beauté du vivant. «Cet ouvrage doit être amusant et joyeux… l’essentiel, à mes yeux, étant que la beauté du vivant soit un hymne à la nature et un chant d’allégresse ». En général il décrit la beauté visible à l’œil nu, les exemples ont été choisis pour leurs formes et leur couleurs. De ce fait les illustrations forment l’essentiel de l’ouvrage. Commençons par « un doigt d’histoire ». Les auteurs anciens, d’Aristote à Alexander Von Humboldt, admiraient la nature. Darwin décrit son premier contact avec les tropiques « ce fut une tornade de ravissement et d’étonnement ». Au milieu du XX° siècle, apparait un grand changement avec la biologie moléculaire. Pour d’autres la beauté est subjective. Savez-vous que, seulement en privé, les scientifiques spécialistes du vivant reconnaissent qu’ils en sont venus a étudier le vivant parce qu’enfant, ils étaient émerveillés par sa beauté. Par contre astrophysiciens, physiciens et mathématiciens en parlent souvent ! « Trouver ce que signifie la beauté du vivant en biologie évolutive est l’ambition de cet ouvrage ». Éliminant le hasard, il propose que la beauté d’un être vivant soit une conséquence de l’évolution dont il résulte ». Il donne des exemples réels et actuels avec les références des planches illustrées où plantes et animaux sont dessinés. Le lecteur sera émerveillé par la précision du trait, les moindres détails sont reproduits avec une grande exactitude. Puis des informations scientifiques, en suivant la numérotation, sont données sur des planches complémentaires. Qu’en est-il de l’esthétique des fossiles? Comment a évolué l’esthétique des insectes d’Europe ? Avez-vous déjà admiré de près le paon du jour ? Extraordinaire planche de deux zèbres à lire dans le sens vertical, en parallèle avec 2 couples d’êtres humains ! Chez les oiseaux, la beauté a une utilité biologique car elle permet d’attirer les femelles. Une planche sur l’évolution du dinosaure à l’oiseau est très instructive. Francis Hallé explique que la beauté artistique n’est pas le privilège de l’homme, des œuvres spectaculaires d’animaux, comme les aires de parade réalisées par les oiseaux à berceau d’Australie, le démontrent. La beauté peut être aussi un moyen de faire peur à ses ennemis. Un superbe dessin d’une plante des forêts de l’équateur ! Francis Hallé fait la même recherche dans le domaine des plantes. La notion de beauté a t-elle un sens chez les plantes ? Quand on compare les plantes et les animaux, il apparait que l’esthétique se présente sous des jours bien différents. Les plantes terrestres sont constituées de deux parties, une végétative permanente et une sexuelle fugace. Les plantes développent une beauté pour attirer les animaux, les fleurs des orchidées en sont une belle preuve. L’auteur pose les mêmes questions que pour les animaux. La beauté qui fait peur existe t-elle chez les plantes ? Connait-on des plantes laides ? Il existe aussi une beauté collective du vivant : récifs et forêts qu’il est intéressant de comparer. Francis Hallé parle de beauté « architecturale » différente des autres, une beauté dont il a fait un sujet d’étude comme en témoignent les planches sur la beauté des architectures d’arbres et sur la forêt tropicale primaire, sommet de la biodiversité. Qu’est-ce que le « sentiment océanique » ? C’est une expérience psychique personnelle dont des auteurs comme George Sand ont aussi témoigné. « C’est un basculement inattendu dans la poésie et la beauté ». Francis Hallé termine son ouvrage par un rappel de l’attitude de certains scientifiques pouvant provoquer dérives et menaces autour de la beauté. En donnant des citations d’auteurs exprimant leurs points de vue sur la beauté, il élargit la problématique de la beauté dans son sens le plus large. Il alerte sur les menaces qui pèsent sur la beauté du vivant. Dans sa conclusion, il appelle chercheurs et enseignants à donner à la beauté la place qu’elle mérite. Ce livre est exceptionnel à plus d’un titre, c’est d’abord un magnifique ouvrage rappelant les livres de botanique d’autrefois riches de planches naturalistes, il est le fruit de recherches et de réflexions de toute une vie de botaniste passionné et pionnier, offrant une toute nouvelle approche de la beauté du vivant, témoignage de l’amour et d’une observation attentive et émerveillée du vivant.
Les chimpanzés des Monts de la Lune
Sabrina Krief, vétérinaire et primatologue et son mari, photographe, ont passé quinze années en Afrique. Leur première mission a commencé au Congo en 1997 : «