Antoine Balzeau, paléo-anthropologue au CNRS et au Muséum national d’Histoire Naturelle, effectue des recherches sur l’évolution humaine, en particulier celle des crânes des hommes préhistoriques. Il nous invite à partir sur les pas des Néandertaliens à travers deux histoires. La première est le projet qu’il dirige pour comprendre les fossiles humains de nos ancêtres dont ceux du site préhistorique, en Dordogne, de La Ferrassie. L’autre histoire est celle de nos plus proches cousins, les Néandertaliens. L’auteur raconte ses années universitaires et ses premiers travaux au Muséum. Il évoque ses déambulations dans les couloirs de la Pitié-Salpétrière pour observer des fossiles grâce aux scanners médicaux. Le vrai début de cette histoire est la découverte de la dent 168 trouvée dans les réserves du Muséum. Que signifie « évolution humaine » ? « Homo neanderthalensis  est l’espèce la plus proche de nous. Nous faisons partie d’un buisson qui n’a rien d’une ligne droite. Pour classer les Néandertaliens, nous avons de solides éléments pour montrer qu’ils différent de toutes les autres espèces. Comment mener l’enquête sur la dent 168 ? Il se rend au Musée d’Archéologie nationale (MAN) à St Germain en Laye. Un long inventaire commence. Il retrouve mention du numéro 168 avec son emplacement sur le site, dans le carré N°1 à La Ferrassie. Puis un moment exceptionnel, la découverte d’ossements parfaitement préservés collectionnés dans les années 1970 ! Est-ce que tous ces éléments constituent un corps ? Les études anatomiques ont pris des mois en utilisant un microtomographe. Un étrier, l’os le plus petit, a permis d’affirmer qu’il s’agissait d’un Néandertalien. Une autre interrogation importante : qu’est-ce qui avait pu arriver à cet enfant ? Un véritable travail d’équipe va être réalisé à St Germain. Ayant réuni six dents, leur étude est confiée à son doctorant. Il restait de nombreux os à trouver et il s’avérait nécessaire de reprendre les fouilles. Il fallut trouver un modus vivendi pour travailler avec une autre équipe américaine déjà sur place. « Cette recherche sur le terrain est une aventure humaine, impliquant plusieurs acteurs, dont Alain Turc ». L’objectif est de recueillir le plus de données scientifiques à l’aide de théodolites électroniques. Jean-Jacques Hublin compare une dent néandertalienne avec une de nos dents. Ils ne trouveront pas d’autre élément à La Ferrassie 8. Mais ils avaient collecté beaucoup d’informations à exploiter. Camille Daujeard, archéozoologue, Stephane Madeleine, paléontologue ont apporté leur savoir scientifique, en particulier celui de compter… Savez-vous ce que veut dire « paléoprotéomique » ? C’est l’étude des protéines conservées dans les ossements fossilisés dont Frido Welker est le pionnier. L’ossement fossilisé reconnu par ZOOMS et ADN ancien confirmait qu’il s’agissait bien d’un Néandertalien. Comment savoir l’âge ? Les progrès de la technique de la datation au radiocarbone apportent des données de plus en plus précises. « Le premier Néandertalien daté sur l’extraordinaire gisement de la Ferrassie avait environ 41 2000 ans ». Les Néandertaliens ne faisaient du feu que dans les périodes chaudes, ils enterraient leurs morts . Après des années de recherche, Antoine Balzeau et son équipe ont publié un article fin 2020, apportant la preuve d’une argumentation scientifique solide. Cette publication a eu beaucoup de répercussions dans la presse et les médias. De nombreuses recherches restent à mener. Ce récit est captivant, mené comme une enquête policière, il nous fait pénétrer au cœur des recherches menées par les paléoanthropologues dans les collections des Musées et sur le terrain. Antoine Balzeau fait part de sa passion pour la recherche au sein de son parcours de paléoanthropologue spécialiste des Néandertaliens, en particulier sur toutes les données découvertes sur l’extraordinaire site de La Ferrassie.

Antoine Balzeau, Tana éditions / Muséum national d’Histoire Naturelle