Béatrice Égémar raconte la vie de Germaine Cellier qui fut le premier nez-féminin français. Née à Bordeaux en 1909, elle a dès son enfance montré des dons pour repérer les senteurs. Le lecteur suit avec grand plaisir cette femme qui se montre déterminée dans ce qu’elle veut faire plus tard : créer des parfums. La chimie tient une grande place dans les parfums depuis que Wilhem Haarman et Ferdinand Yiemann ont synthétisé la vanilline. Après des diplômes d’aide-chimiste et bactériologiste, Germaine va travailler dans un laboratoire pour vérifier la qualité olfactive des produits que l’usine fabrique. Repérée pour son très bon « nez », elle est affectée à un laboratoire qui travaille sur les reproductions de senteurs naturelles comme le muguet. Son responsable, Jean Carles, a créé la « pyramide olfactive » avec les trois notes, toujours utilisée aujourd’hui. Mais elle a une autre conception de la création d’un parfum. Les dessins de Sandrine Revel sont une merveille, emmenant le lecteur, par de nombreux détails, dans cette époque de l’exposition internationale en 1925 ou évoquant Germaine sentant des parfums, une planche superbe « Ah oui, là on est dans la nature, délicieux ! ». L’auteure fait référence aux œuvres littéraires, aux films dont « Hôtel du Nord », aux acteurs, aux peintres, aux grands couturiers… Elle fait part de la vie des Français pendant la deuxième guerre mondiale. Germaine au fil de ses sorties, rencontre le couturier Robert Piguet qui lui demande de créer un parfum. Germaine va utiliser une nouvelle molécule que les parfumeurs utilisaient jusque-là avec prudence. Ce sera « Bandit » qui sort en 1944. Vive réaction dans la presse : « Germaine Cellier arrache aux hommes le monopole du meilleur nez ». Elle créera des parfums pour d’autres couturiers, toujours en innovant. Pour son premier grand succès, « Vent Vert », elle utilise la note verte de galbanum, une plante ombellifère originaire d’Iran. Pour un autre parfum, elle utilisera la tubéreuse crémeuse. Vous pourrez en sentir le parfum avec deux cartes parfumées offertes. À la fin de la bande dessinée, dans « les coulisses de la création », Olivier David de l’Osmothèque de Versailles, donne une interview imaginaire de Germaine Cellier et propose de fabriquer une eau de Cologne inspirée de « Vent Vert ». Un glossaire d’Absolu à Volatile explicite quelques mots du parfum. Dans ce roman graphique passionnant, magnifiquement illustré par Sandrine Revel, Béatrice Égémar redonne vie à une femme déterminée et indépendante qui a été oubliée dans l’histoire de la parfumerie alors qu’elle a été une créatrice innovante par des créations audacieuses.

Béatrice Égémar, Ill. Sandrine Revel, Nathan (bande dessinée)