Laure Dominique Agniel, pour comprendre Francis Hallé, ce grand botaniste, a eu de nombreuses conversations où il lui a fait part de ses souvenirs, rencontres et lectures qui l’ont marqué. L’autrice rend compte de ces conversations en évoquant dans chaque chapitre, différentes périodes de sa vie et thèmes abordés. Il est d’abord évoqué la force de la rencontre, à trente deux-ans avec la forêt à Kinshasa « un inoubliable bonheur » ! Est-ce qu’un arbre peut encore vivre s’il n’a plus de sève ? Francis Hallé, soucieux de transmettre la connaissance du monde végétal, répond avec plaisir aux élèves en Bretagne, le pays de sa jeunesse. Il souhaite éduquer les enfants à la beauté. Il a été initié très tôt par sa mère à la beauté des plantes. Un ouvrage,parmi ses lectures, « L’Hippopotame et le Philosophe » de Théodore Monod, l’a particulièrement marqué. Grâce à son frère, il a été initié à la richesse de la biodiversité. Il se passionne pour les travaux de Linné, de Darwin. Dans un climat d’indifférence à la botanique, Francis Hallé découvre à la Sorbonne par ses excellents professeurs, les tropiques. Avec sa femme, il s’installera en Côte d’Ivoire où il travaillera sur l’architecture des plantes, une manière nouvelle de regarder les plantes. Au Congo, il vivra l’expérience intense du « sentiment océanique » au bord du fleuve Congo. Dans tous ses livres, se trouvent des dessins d’arbres, de fleurs de feuilles. Il recommande d’approcher le végétal par le dessin. Il est l’héritier des botanistes voyageurs. Ses missions l’ont conduit sur tous les continents pendant plus de trente ans. Sur « les traces de Darwin », il s’est rendu aux Galápagos. Pour lui, la bande tropicale est la plus intéressante, « toute la biologie vient de là ». Il est désespéré par l’homme en Papouasie-Nouvelle-Guinée qui détruit la dernière grande forêt tropicale. Mais en revanche toujours émerveillé par l’ingéniosité des plantes. En Chine, il découvre une plante extraordinaire : elle danse ! La plante perçoit-elle les ondes sonores ? En Russie, il se réjouit que la collection de graines d’un grand botaniste, Nikolaï Vavilov, ait été conservée. L’aventure du radeau des Cimes est exceptionnelle. Il va réussir, avec une équipe, à se poser sur la canopée des forêts tropicales. Il raconte avec passion cette vie dans les arbres à trente ou quarante mètres de hauteur. Il en a fait un livre, édité par Actes sud. « Si Francis Hallé étudie les arbres en tant que scientifique, on sent chez lui un attachement particulier à ces êtres vivants ». Aussi parfois il est en colère devant la disparition des forêts. Il y a « urgence absolue » d’arrêter cette destruction. En France, il faut savoir que s’il y a augmentation des forêts, ce sont des plantations de résineux ! Alors que Francis Hallé défend, depuis plus de 50 ans, une forêt diversifiée. Il soutient les citoyens qui se mobilisent pour lutter contre les abattages d’arbres. L’association A.R.B.R.E.S, fondée par Georges Feterman a rédigé « une déclaration des droits de l’arbre ». Il a un projet ambitieux : recréer une forêt primaire en Europe de l’Ouest. La dernière forêt d’Europe en Pologne est menacée. Avec éric Fabre, l’Association Francis Hallé pour une forêt primaire a aujourd’hui plus de quatre mille adhérents de différents pays. C’est un grand plaisir de suivre ce grand botaniste dans son parcours de passionné du vivant. Partager les vies de découvertes et de combats de ce scientifique exceptionnel, c’est participer à une reconnaissance de la beauté du vivant, « un rappel de ce qu’on doit au vivant, de sa grandeur qui nous a faits et nous maintient en vie, c’est un appel à retrouver une place plus ajustée sur Terre ».
Mais d’où viennent les plantes ?
Francis Hallé, botaniste, spécialiste des arbres et des forêts tropicales, est auteur de nombreux ouvrages dont l’Atlas de botanique poétique paru en 2016. Pour répondre