Feuilles volantes

Après plusieurs bandes dessinées remarquées pour leur originalité, Alexandre Clerisse affirme son style propre en racontant une histoire de la typographie. Il invite à un voyage dans le temps sur l’art de raconter une histoire par des images à travers trois personnages incarnant chacun une époque. Max, un jeune de 1990 qui souhaite de devenir auteur de bande dessinée, représenté par la couleur bleue. Roul, un moine copiste de Moyen Age, représenté par la couleur rose et Suzie, une graphiste de 2070 qui raconte des histoires à l’aide de la technologie virtuelle. Chaque époque est décrite parfaitement par des dessins au trait travaillé, décrivant très précisément l’architecture de chaque époque avec des vues en coupe. L’auteur donne beaucoup d’informations techniques sur l’art d’écrire des histoires en images des caractères typographiques en plomb à la numérisation, en passant par les chambres virtuelles. L’auteur ne se prive pas de dire qu’être auteur de BD est difficile, « C’est du boulot la BD, il faut pas avoir peur d’y passer la vie », chaque personnage étant confronté au contexte politique et social de son époque. Le récit ne se déroule pas sur une ligne chronologique continue mais au contraire les époques s’interpénètrent. Après avoir découvert que Suzy est la fille de Max, le lecteur arrive à se demander si chaque personnage n’est pas sous l’influence de l’autre, agissant sans le savoir ? Le lecteur prend beaucoup de plaisir à cette histoire, désarçonné parfois, mais appréciant cette mise en scène originale sur l’art de raconter des histoires en images.

Alexandre Clerisse, Dargaud