Et si le vivant était anarchique. La génétique est-elle une gigantesque arnaque?

Ce titre est volontairement provocateur pour nous amener à réfléchir sur les sciences du vivant. Le professeur Jean-Jacques Kupiec, docteur en biologie, s’est fait connaître du grand public par son livre « Ni Dieu, ni gène », paru en 2000. Il ouvre aujourd’hui une nouvelle voie à la recherche en démontrant le rôle joué par le hasard dans le développement du vivant. « Ni gène, ni environnement ». Dans ce livre, il va démontrer que les conceptions de la génétique, soit forte où le gène est le maître tout puissant du vivant, soit faible, « l’épigénétique », où un facteur supplémentaire, l’environnement, est rajouté, sont incompatibles avec les données expérimentales. Après avoir retracé une histoire de la génétique, il va énumérer le « désordre à tous les étages » : dans le développement embryonnaire, la différenciation cellulaire, l’expression des gènes, les génomes et répondre à la question «Comment construire une maison sur des fondations instables » ? Il est nécessaire de rappeler la théorie darwinienne qui « fait de la variabilité aléatoire la première propriété du vivant … pour servir de base à une nouvelle théorie de cet « ontogenèse ». Comment le corps est-il autogéré ? « La variabilité est la propriété première du vivant y compris dans le milieu intérieur ». Il apporte les preuves expérimentales du développement des « cellules anarchistes ». Cette conception anarchiste, mettant en jeu une nouvelle ontologie, soulève de nombreuses objections auxquelles l’auteur répond dans le dernier chapitre. Tout un nouveau programme de recherche s’ouvre donnant à la variabilité toute sa place dans l’expérimentation afin que celle-ci passe du statut « de simple fluctuation à celui de paramètre explicatif ». Jean-Jacques Kupiec réussit le tour de force, par ce livre, de mettre à la portée du grand public, cette passionnante conception du vivant.