Précédent
Suivant

Épistémè. Tome 1 Eurêka. Une histoire des idées scientifiques durant l’Antiquité

Cette bande dessinée est un des évènements de la rentrée. Eurêka est le premier tome de la série Épistémè, en 5 volumes, consacrée à l’histoire de la science et des idées à travers les siècles. Pascal Marchand enseigne l’histoire des idées scientifiques en IUT à Toulouse. JB Meybeck traduit de façon magistrale les théories exprimées, les traduisant en dessins d’une grande originalité et plein d’humour. Les deux héros, les doubles des auteurs, poursuivis par des trolls anti-science, annoncent leur grand projet, remonter dans le passé pour rencontrer des personnages qui ont joué un rôle dans l’Antiquité. Quand on parle de savants de l’Antiquité, tout le monde connait Pythagore, Socrate, Platon… Mais savez-vous qui étaient Anaximandre, Anaxagore, Archytas ?… Comme l’écrit Françoise Combes, astrophysicienne, dans la préface : « Les aventures des premiers savants de l’Antiquité grecque montrent le plaisir que l’on peut trouver dans la science, la joie intrinsèque de la quête de la connaissance et de la résolution des problèmes complexes ». La science, ça commence quand ? Après avoir fait un rappel des premières découvertes, les outils, l’écriture, la mesure, la mathématique, l’astrologie… Il ne s’agit pas encore de science. « On parlera de science à partir du moment où il s’agira de décrire, d’expliquer et prévoir les phénomènes naturels… ». Elle fit son apparition en Grèce au VIIᵉ siècle avant J.C. La vie passionnante de ces premiers savants et de leurs découvertes sont racontées en quatre périodes et écoles : Milet, la Grande Grèce, Athènes et Alexandrie. Sur une double page, une grande carte permet de visualiser ce qui se passait dans le monde. Pour chaque période, Pascal Marchand apporte des informations scientifiques très pointues, avec des précisions peu connues. Les rencontres avec Hérodote parlant de Thalès, Aristote… sous forme de dialogues avec les commentaires de l’ingénu et en particulier ses mimiques, rendent le récit très vivant. Des double-pages d’un graphisme extraordinaire, conception de l’eau, de la Terre, de la Lune de Thalès ; l’Apeiron d’Anaximandre, considéré comme le véritable génie de Milet. Le lecteur fera connaissance avec Phérécyde de Pyros, Xénophane de Collophon… Des passages passionnants sont consacrés aux découvertes de Pythagore sur le rapport mathématique entre une note musicale et la longueur de l’instrument, l’amenant à penser que l’univers est de nature mathématique et à l’histoire des chiffres et des nombres. Parmi les pythagoriciennes, Théano sera la première mathématicienne connue. Sur une double page, le lecteur trouvera une synthèse des différentes conceptions sur le principe fondamental de la vie. Un autre intérêt est le rapprochement que ne manque pas de faire l’auteur, entre une découverte faite dans l’Antiquité et la suite donnée par les scientifiques d’aujourd’hui. La médecine d’Empédocle va inspirer des générations de médecins ; la maladie provient du déséquilibre d’un élément dans le corps et se combat par l’élément contraire. Les travaux de Françoise Combes portent sur la répartition entre matière et antimatière dans l’Univers primordial. À ne pas manquer les explications de Démocrite sur les atomes, « les atomes de fer ont des crochets qui s’emboitent et rendent le métal solide : ce sont les atomes crochus. Encore vrai aujourd’hui ! Plus tard, Aristote refusera l’atome, refusant l’idée de vide. Épicure était fortement critiqué car il acceptait des femmes dans son école. Léontion est une des philosophes les plus importantes de son époque. Agnodice a dû se déguiser en homme pour pouvoir exercer la médecine. Les éléments d’Euclide constitueront l’une des bases les plus solides de l’arithmétique pendant des siècles ! Les apports scientifiques de tous les autres savants sont racontés de la même manière (le lecteur trouvera dans une frise chronologique la liste de tous ceux-ci localisés dans une carte), toujours avec le même humour et révélant l’énorme travail de documentation réalisé par le scénariste. Cette bande dessinée est une totale réussite ! Elle remplit très bien la mission annoncée, découvrir les origines historiques des idées scientifiques. Cet ouvrage de référence fortement documenté est une belle démonstration du rôle essentiel de la BD dans la diffusion du savoir scientifique.

Pascal Marchand, Ill. JB Meybeck, La Boîte à bulles (Épistémè)

5/5
Partager sur facebook
Partager sur google
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

Publications dans la même catégorie

Aiôn

Lexi Néel, plongée en hibernation depuis de nombreuses années, est réveillée par un androïde. Elle pense qu’elle est enfin de retour sur Terre. Mais l’androïde

Lire la suite

Mortesève – 1. Hang & Orgue

Après « Stigma », une BD très novatrice, Quentin Rigaud a créé une nouvelle série de fantasy, autour d’une héroïne, tout un univers inspiré des divinités du

Lire la suite

Parutions la même année

Le langage silencieux des plantes

Qu’entend-t-on par « langage des plantes » ? Comme le précisent les auteurs, enseignants-chercheurs, « les plantes disposent d’un langage silencieux, ou plus exactement d’une multitude de langages, adaptés

Lire la suite

Tout jaune

Hélène Canac, scénariste et dessinatrice, n’a pas son pareil pour vous emmener dans le monde de l’enfance ! Léna et son petit frère Victor aident leur

Lire la suite

Les veilleurs

Il est de ces bandes dessinées qui vous touche particulièrement ! Dans « Les veilleurs » Yann Dégruel vous livre une partie de sa vie, celle de veilleur

Lire la suite