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Moi, parasite

Comment faire d’un sujet a priori rébarbatif, les parasites, un thème passionnant ? Pierre Kerner a l’excellente idée de leur donner la parole afin qu’ils racontent eux-mêmes leurs luttes et leurs stratégies. Interpellant le lecteur ils arrivent à nous faire s’apitoyer sur leur sort « Soyez tolérants tout de même !»… Empathie pas du tout prévue car pour nous les humains, les parasites sont des êtres horribles qui vivent aux dépends de leurs hôtes. En six chapitres, chaque parasite se raconte. Moi, Ver solitaire, je donne la parole à mes biographes qui sont à l’origine des prémices de la parasitologie. Moi, guêpe parasitaire, je me raconte à travers une « imbrication de parasites ». La parole est donnée à un parti d’opposition, les fourmis qui sont très douées pour élaborer des « stratégies militaires diaboliques ». Moi Sacculina, je dévoile les dommages parasitaux dus à la cohabitation. Nous Diplozoom (nous sommes un couple soudé) vous initierons à nos pratiques sexuelles. Et enfin nous vous ferons découvrir tout l’intérêt et le rôle bénéfique que nous jouons dans l’évolution génétique. L’auteur a vraiment l’art de la mise en scène ! Il fait appel à tous les procédés : enquête policière, espionnage, retour dans le passé, arts militaires et de combat… sans oublier les illustrations pleines d’humour et très explicites. Comme dans un film ou une pièce de théâtre, chaque personnage expose ses arguments étayés d’une solide documentation scientifique. Toutes ces discussions ont été revues par des biologistes. Comme dans les mangas (cf les brigades immunitaires), les cellules soldats, les leucocytes, vous font vivre en direct comment elles font face à une attaque extérieure. Le langage imagé rend le récit vivant et le lecteur est captivé par ces scénarios semblables à ceux de la science fiction. « Les bactériophages, module spatial venu du cosmos destiné à la destruction d’autres espèces ». Il est particulièrement intéressant de pénétrer ainsi au cœur des laboratoires de biologie, là où s’élabore les nouvelles disciplines, la parasitologie expérimentale, la phagothérapie (utilisation de l’art des virus de décimer les bactéries). Leur rôle de vecteurs de bouleversement du matériel génétique fait prendre conscience de leur rôle bénéfique dans l’évolution et a donné naissance à la paléovirologie. Pierre Kerner nous prouve que les parasites en tant que « véritables ingénieurs d’écosystèmes » mènent des actions régulatrices et constructrices. Une vraie révolution !

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