Dans son ouvrage, Bruno David, ancien président du Muséum d’Histoire Naturelle, du fait de sa double formation, paléontologue et biologiste, a voulu « mettre en relation ce qui se passe aujourd’hui avec ce qui s’est passé autrefois et faire des comparaisons avec les crises du passé géologique de la Terre ». Après avoir lu la bande dessinée « L’oasis », admiratif des dessins, il a rencontré Simon Hureau qui lui a proposé de suivre le plan du livre. Ce furent de nombreux échanges fructueux, avec les conseils de Gaël Clément, paléontologue au Muséum pour les crises anciennes. Le lecteur est invité à « une promenade pleine d’imagination et de fraicheur autour d’un sujet sérieux, voir préoccupant ». Deux jeunes lycéens ont un exposé à faire, dont le titre : « A l’aube de la sixième extinction » les laisse perplexes ! Heureusement Iris, une jeune scientifique, les a entendus et propose de les aider. Le récit est très vivant, sous forme de dialogues entre Iris et les jeunes, souvent avec beaucoup d’humour, de même que dans les expressions de nos trois héros. Tout d’abord, qu’est-ce que la biodiversité ? Iris va les initier aux différents concepts relevant d’approches différentes : génétique, spécifique et écosystémique. Quelle est l’espèce animale la plus abondante sur Terre ? Quel organisme possède le plus long génome ? Iris va leur faire un panorama de « toutes les interactions que nous entretenons avec la nature » au cours d’une promenade, pour le moins insolite, dans une petite carriole tirée par Gudule ! Pour produire des énergies, nous utilisons les ressources de la Terre. Savez-vous qu’un jean parcourt 50 000 km avant d’arriver dans le magasin ? Les transports aussi ont un impact en croissante évolution. Iris apporte une somme d’ informations très précises, par exemple, pour un voyage de deux personnes, le cout CO2 moyen par passager est vingt-sept fois plus important en voiture que par le TGV ! Les espèces invasives comme le gammare de l’est sont un grave problème pour l’équilibre de la biodiversité. Les dessins sont remarquables de précision, ce qui rend les planches superbes, comme celle sur les centaines d’espèces invasives arrivant par le canal de Suez. De même les virus sont apportés par des bateaux. Puis Iris retrace l’histoire de l’agriculture jusqu’à la situation actuelle catastrophique du fait des pesticides. Il faut comprendre tous les mécanismes qui nous ont amenés à la situation actuelle très inquiétante. « Le monde de demain est à réinventer de A à Z ». La deuxième partie permet de comprendre ce qu’est une crise de biodiversité. Les jeunes rencontrent Bernard, un paléontologue qui va leur expliquer les cinq premières extensions. Il va les emmener dans les sous-sols du Muséum dans le monde des fossiles qui ouvrent les portes du voyage dans le temps. C’est une extraordinaire reconstitution, avec des scènes d’un grand réalisme (les jeunes y sont réellement propulsés!) de ce qu’était la Terre depuis 440 millions d’années. Il y a eu cinq crises majeures. Quels sont les critères qui permettent de définir une crise ? L’étude des différentes crises démontre » la complexité du phénomène, leur caractère multifactoriel… La dynamique des crises est bien celle des diminutions d’abondances… finissant par engendrer des extinctions en chaine ». Un écosystème mis à mal mettra des milliers d’années à renaitre ! Sylvère, militant écologiste, leur explique que bien plus inquiétant que la disparition d’une espèce emblématique est celle du monde invisible dont le zooplancton et les bactéries. Iris leur fait la démonstration de la « tour infernale » pour montrer que, quand on enlève un élément, c’est l’équilibre de l’ensemble qui est menacé ! Dans la troisième partie, avec le paléontologue, ils remontent le temps, il y a 55 millions d’années où a eu lieu le PETM, un réchauffement climatique très rapide, sur quelques milliers d’années, analogue à la situation actuelle. La connaissance des mécanismes à la fois rassure et inquiète. En effet la biosphère n’a jamais quasiment vécu d’oscillations climatiques de même vitesse. A votre avis l’exposé de Félicien et Salomé va-t-il intéresser leurs camarades et les motiver à agir ? Dans la quatrième partie, des dizaines de solutions sont proposées, à échelle individuelle puis local et national. Martha, une grande océanographe, délivre aussi un beau message d’espoir à condition que l’homme se comporte différemment vis à vis du vivant : « Il n’y a pas de planète B ». Simon Hureau a réussi, d’une façon magistrale, son pari, adapter le livre de Bruno David, en BD. Dans le but d’un exposé, les rencontres des jeunes avec les scientifiques sont un excellent fil conducteur d’un récit très vivant. De leur collaboration, est née une bande dessinée « science » exceptionnelle, de nature encyclopédique tellement les informations scientifiques abordent de manière très détaillée toutes les facettes de la biodiversité, les cinq crises majeures et les solutions d’avenir, illustrées par une iconographie remarquable. Un grand coup cœur pour cette indispensable BD « écologique » !
Le corps est un vêtement que l’on quitte
« Le rugby c’est ma vie » commente un jeune joueur. Mais au cours d’une mêlée, super bien rendue par les dessins avec des zooms, il est