« Le rugby c’est ma vie » commente un jeune joueur. Mais au cours d’une mêlée, super bien rendue par les dessins avec des zooms, il est gravement blessé. Planche entièrement noire ! À l’hôpital il va vivre une expérience extraordinaire, celle de « mort imminente », une EMI. Le père, chirurgien matérialiste, est en colère quand son fils, à son réveil, demande pourquoi il ne lui a jamais parlé de Paul son frère ? Sa mère, psychologue, le comprend mieux quand il leur dit : « J’entends, je vois des choses dans ma tête ». De retour à la maison, elle va l’emmener voir une exposition sur le peintre Jérôme Bosch. Julien a une révélation devant un de ses tableaux: « La montée des âmes vers la lumière » ! Il va faire des rencontres étonnantes et proches de son ressenti dont celle d’un jeune garçon dans une église. Après l’expérience difficile d’aide au bloc opératoire, les échanges avec l’infirmière qui a enregistré le témoignage de son vécu « quand il avait quitté son corps ». vont être déterminants pour retrouver son équilibre. Éric Liberge, non seulement par le sujet, mais aussi par le graphisme en noir et blanc d’une grande qualité esthétique et rendant bien les sentiments des personnages avec des gros-plan sur les visages, offre aux lecteurs une bande dessinée originale. La dernière partie marque un contraste saisissant, tout en couleurs et riche en petits détails sur la vie en Inde. À la fois témoignage sur une EMI, la recherche médicale et psychanalytique, les réflexions sur la mort, un drame familial, cette bande dessinée captivante touche le lecteur car elle aborde l’invisible et l’amène à « regarder le monde autrement et je l’espère avec les yeux du cœur ».
Éric Liberge, Glénat (BD)