L’auteur, David Rothenberg, est une icône de la scène musicale expérimentale new-yorkaise. Il est un pionnier de la musique interespèces : il joue avec les baleines, les insectes et les rossignols. Également naturaliste et philosophe, il interroge la science pour savoir si elle pourrait l’aider à quantifier l’esthétique du chant du rossignol. Dés la première ligne de cet ouvrage, le lecteur est interpelé : « Faut-il s’étonner de trouver des rossignols à Berlin ? ». Berlin est la ville idéale pour entendre son chant car chaque année, ils reviennent d’Afrique, à la même période et dans les mêmes dortoirs. David Rothenberg a organisé un concert de minuit, dans un parc, près de Berlin, un 9 mai, date anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. La première fois qu’il a entendu son chant, il l’a trouvé « étrange », une musique inconnue dont il voulait comprendre la technique. Le plus frappant est la passion avec laquelle il chante. A Berlin se trouvent les plus grands spécialistes de l’espèce. Comment s’est développé ce chant « si puissant, étiré, élaboré et musical » ? David Rothenberg voulant rendre la nature essentielle, recommande de traiter les oiseaux comme des égaux. Il veut être à l’écoute de l’oiseau, essayant de se comprendre mutuellement. Connaissez-vous l’effet Sharawadji «le plus insaisissable de tous les effets sonores mais le plus important et le plus beau »? L’auteur, avec un photographe original participe à des expériences musicales inédites comme jouer, seul dans un canot pneumatique, pour des baleines arctiques ou dans un zoo jouer de la flute pour les étourneaux de Bali. Dans le monde, il mène ses expériences dans l’espoir qu’ensemble « nous pourrions créer quelque chose de beau ». Du fait qu’il aime improviser avec des musiciens de langues différentes, sa « musique de l’instant » est plus pop ou folk. Il est essentiel de tenir compte de chants aussi anciens, les poètes depuis des siècles les célèbrent. Olivier Messian, le compositeur, disait que les oiseaux sont « le contraire du temps ». Les répétitions en boucles montrent qu’il s’agit de musique. Qu’en est-il des rapports entre la science et l’art ? La vérité scientifique repose sur l’expérimentation et celle de l’art sur la beauté. Pour comprendre le monde, nous avons besoin autant de la science que de l’art. Il est aussi important de s’entourer de musiciens que de scientifiques, des biologistes, des bioacousticiens, des musicologues et des neuroscientifiques. Tina Roeske a utilisé une approche statistique et quantitative du chant du rossignol et a codé les données par couleurs. Celles-ci sont explicitées par des figures. Pour l’humain, il est plus facile d’identifier le chant en ayant des caractéristiques quantifiables. « Pour chaque oiseau, le terme « stéréotypé » correspond à « ordonné » et et « variable » à « désordonné ». La principale découverte de Tina Roeske est d’avoir constaté que « les humains préfèrent les progressions diatoniques dans un chant purement mélodique, à l’inverse des rossignols qui aiment les changements de direction ». Cinq années de travail consacrées à l’étude d’au moins six mille phrases de chants de rossignols ont montré que la collaboration entre musicologues et neuroscientifiques était fructueuse. Tina Roeske a fait une autre découverte : les rossignols ont une régularité toujours un peu inégale, de manière tout sauf aléatoire, comme le swing ! Les autres chapitres sont consacrés aux lieux sonores, au plus beau son de nature au monde, à Berlin, ville des musiciens. Il a rédigé pour ceux qui souhaitent l’accompagner dans sa démarche, onze voies vers la musique animale : oubliez le nom de l’oiseau, rappelez-vous que c’est l’une des plus anciennes musiques que nous connaissons… Son grand plaisir est d’écouter des musiciens répondre au chant des rossignols dont Korhan Erel, Cymin Samawarie… Un bonus a été ajouté à l’édition française où il fait part de publications d’écrivains, de scientifiques et d’artistes consacrées aux oiseaux. Il fait part aussi de son expérience et des conséquences suite à la crise sanitaire mondiale. Il fait référence, parmi les ressources complémentaires proposées, le catalogue de la fabuleuse exposition, «Musicanimale, le grand bestiaire sonore » à la Philarmonie de Paris. Cet ouvrage est une merveille, un permanent dialogue entre science et art, qui vous fait rêver, imaginer un monde où humains et animaux se rejoignent et se comprennent à travers leurs musiques !
La recherche scientifique ? Une passion, un plaisir, un jeu
À l’occasion des 150 ans de la naissance de Marie Curie, son petit-fils Pierre Joliot raconte la recherche scientifique du début du XXème siècle à