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Trous blancs

Un nouveau livre de Carlo Rovelli est toujours un évènement pour toutes les personnes qui s’intéressent aux avancées de la physique en train de se faire. On retrouve dans cet ouvrage le style si particulier de Carlo Rovelli, un grand scientifique surement mais aussi un poète. Dans cette aventure des trous blancs, vous serez accompagné de nombreuses citations de La Divine Comédie. Il faut dire que le sujet du livre nous emportent dans une fabuleuse aventure cosmique. L’auteur le dit lui-même « Je ne sais même pas si les trous blancs existent vraiment, mais c’est l’idée que je veux raconter. » Dans les premières pages, il raconte le début de son aventure avec son ami Hal qui lui révèle son idée sur les trous blancs. Mais avant de parler des trous blancs, il faut parler des trous noirs. C’est le moment d’évoquer Einstein et ses équations. « Elles seront notre guide, comme Virgile est le guide de Dante dans La Divine Comédie ». C’est Schwarzschild qui le premier résout les fameuses équations et décrit ce qui sera appelé un trou noir. La solution trouvée indique « que les horloges s’arrêtent sur l’horizon, que l’espace s’y déchire », c’est tellement effrayant que personne n’y croit, pas même Einstein. David Finkelstein montre en 1958 que les mêmes équations d’Einstein permettent de calculer ce qu’il se passe lorsqu’on approche de l’horizon et non ce qui est vu de très loin. En fait, en traversant l’horizon à bord d’un vaisseau spatial, rien ne se passe, mais on peut dire adieu à ses amis. Les explications de l’auteur sont lumineuses concernant la relativité du temps avec un petit résumé instructif sur 26 siècles d’histoire. Nous voici maintenant à l’intérieur d’un trou noir, aucun retour possible. L’important est de savoir que les équations d’Einstein sont toujours valides, elles le resteront jusqu’au fond de l’entonnoir où l’étoile est encore en train de tomber. Au moment où le resserrement de l’entonnoir atteint l’échelle de Planck, les effets quantiques dominent et les équations d’Einstein sont invalidées. À partir de cette étape, c’est l’étoile de Planck, il va se passer une transition, prévue par les équations de la gravité quantique, qui provoque un rebond de l’étoile et le trou noir est devenu un trou blanc par inversion du sens du temps. Les équations d’Einstein sont à nouveau valides puisqu’elles ne dépendent pas du temps. Voilà toute l’histoire. Les derniers chapitres sont une passionnante explication du sens du temps, d’où vient que le passé se distingue du futur. Carlo Rovelli est un virtuose et à la fin de l’aventure, on peut dire bravo l’artiste. De nombreuses figures aident à comprendre les explications. Une autre originalité de cet ouvrage, ce sont les fréquents passages écrits en minuscule dans lesquels l’auteur arrête son récit et prend vraiment la parole en utilisant le « je » pour faire des commentaires sur ce qu’il vient d’écrire !
Stephen Hawking a montré que les trous noirs s’évaporent, donc aussi les trous blancs. Et si ces milliards de trous blancs qui « flottent légèrement dans l’univers, comme des libellules… », étaient, paradoxalement, ce qu’on appelle la « matière noire » ?

Carlo Rovelli, Flammarion

5/5
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