Rachel Carson est connue pour avoir été la première scientifique à s’être opposée aux fabricants de pesticides. Sylvie Dodeller a montré dans un précédent livre « Sophie Germain la femme cachée des mathématiques » tout son art de faire revivre un personnage. Il est fort intéressant de connaitre la vie familiale et professionnelle de Rachel Carson afin de mieux comprendre avec quel courage et obstination elle a tenu ses objectifs. Le récit commence le 4 juin 1963, au Capitole, siège du Congrès américain, Rachel Carson prononce son discours qu’elle rumine depuis des années pour informer les citoyens sur la toxicité des pesticides. Ce fut le combat de sa vie. Dans sa jeunesse, elle savoure des moments délicieux à se promener dans la campagne. Elle est déjà, à 14 ans, une spécialiste du « birding », sachant identifier le chant des oiseaux. La jeune ornithologue prend des photos de nids pour les classer dans son album L’écriture de Syvie Dodeller est un régal, le lecteur a l’impression d’être aux côtés de Rachel, partageant son amour de la nature. Depuis toute petite, elle est « biberonnée à l’école de la nature » par sa maman, une grande observatrice. Maria Carson participe au mouvement « l’étude de la nature » car , du fait de l’industrialisation, des scientifiques s’inquiètent de voir les enfants coupés de la nature. Elle a du renoncer à son métier car l’enseignement est interdit aux femmes mariées ! En 1918, Rachel a la surprise de voir son histoire de bataille aérienne publiée. D’autres récits son publiés et elle devient collaboratrice rémunérée. Des citations de Rachel éclairent sur les grandes étapes de sa vie, elle se pense écrivaine ou biologiste, ne sachant pas que plus tard elle sera les deux. Les parents se sont sacrifiés pour l’inscrire à l’Université pour femmes à Pittsburgh. Les problèmes financiers vont donner bien du mal à Rachel pendant toutes ses études. Elle est très vite repérée comme une brillante étudiante. Elle se découvre une passion pour la biologie. Son enseignante est aussi une vraie chercheuse qui va la soutenir. Quand elle demande à changer de voie, la directrice est réticente car elle pense que les femmes n’ont pas les capacités intellectuelles pour être scientifique ! Une découverte essentielle sera celle de la mer. Son enseignante l’emmène à un laboratoire de biologie marine où il lui est donné un sujet d’étude. Une photo la montre épanouie à bord du bateau scientifique ! Elle est acceptée à l’Université à Baltimore. Mais elle accumule les galères pour respecter les délais de sa mission sur le pronéphros du poisson. Elle est obligée de faire des petits boulots, même pendant les vacances, pour payer les droits d’inscription. Elle réussit brillamment son master et veut obtenir un doctorat sur l’anguille d’Amérique. Dans l’amphithéâtre, elles ne sont que trois femmes ! Dans une petite maison, elle fait venir sa famille qui s’est agrandie car sa sœur se retrouve seule avec deux petites filles. Suite à la mort de son père, elle se retrouve chargée de famille. Son enseignante découragée, du fait d’être une femme sa carrière stagne, est entrée dans la fonction publique. Rachel est reçue en 1935. Mais le directeur ne souhaitant pas l’embaucher, lui propose d’écrire des textes pour un programme éducatif lancé par le gouvernement pour émerveiller le grand public sur l’univers marin. C’est une aubaine pour Rachel ! Ses récits ont beaucoup de succès ! Enfin en 1936 elle devient la deuxième femme assistante en biologie marine. Mais savez-vous pourquoi elle reste toujours à terre ? Pour les marins, les femmes portent malheur ! On lui a demandé de signer ses articles R. Carson, surtout pas Louise. L’auteur apporte un témoignage sur les conditions de vie des femmes, en particulier sur les inégalités dans le monde du travail. « Contre vents et marées », du fait des charges familiale, elle écrit le soir des articles pour des journaux. Elle veut montrer qu’une femme a « toutes les compétences pour écrire un texte littéraire qui parle de la biologie. Un éditeur lui propose d’écrire un livre. De la science, oui parfaitement ! ». Enfin science et littérature font bon ménage ! En 1941, le livre est publié mais la guerre est déclarée. Après la guerre, Rachel n’apprécie pas beaucoup les changements survenus en société dont l’usage du DDT. Puis le succès arrive avec la parution de « La mer autour de nous » faisant part des nouvelles découvertes technologiques. Bien sûr elle subit des critiques mais elle les ignore. Elle démissionne de son poste, se rendant compte qu’elle n’a pas d’avenir en tant que femme. Sylvie Doddeler ne manque pas de rappeler que c’est encore trop souvent le cas de nos jours. Rachel fera face encore à d’autres problèmes familiaux. Heureusement l’amitié d’une femme pendant des années lui apportera beaucoup de réconfort. Elle donnera une éducation à la nature au petit garçon de sa sœur décédée qu’elle a adopté. Puis ce sera la découverte des dégâts dus au DDT. Comme la presse ne veut pas publier ses articles, elle va écrire un livre. Malgré son cancer et les attaques à venir, elle est déterminée. «Sachant ce que je sais, je ne serai plus jamais en paix si je garde le silence ». En 1962, parait « Le printemps silencieux » dénonçant le scandale des pesticides. Le lecteur est saisi d’admiration pour Rachel Carson qui dans un contexte d’inégalité pour les femmes et de nombreux soucis familiaux, réussira à devenir une brillante écrivaine et une remarquable biologiste, alliant science et littérature. Effarée par les dangers de l’usage des pesticides, elle affrontera les industriels de la chimie avec détermination. Cette femme exceptionnelle « lanceuse d’alerte » est la première écologiste. De nos jours, « Printemps silencieux » est la référence de la naissance du mouvement écologique.
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