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Odile a mal au crâne. Il était une fois… vos médicaments

Dans son précédent ouvrage, «Ocytocine mon amour », Marcel Hibert, professeur à la faculté de pharmacie de l’université de Strasbourg, nous avait déjà fort intéressés en racontant avec beaucoup d’humour son parcours de chercheur sur l’ocytocine, une molécule jouant un rôle extraordinaire. Dans cet ouvrage, Marcel Hibert « propose d’embarquer avec lui et une petite molécule sympathique, Sali, pour une épopée mouvementée, depuis les bords de Seine à Giverny jusqu’au pont Mirabeau, en passant par le crâne d’Odile, qui travaille trop ». « Science et fiction », Sali, née dans un vieux saule, raconte qui sont ces ascendants et ses potes. Des dangers apparaissent ! L’homme procède à un massacre de l’écorce et voilà Sali embarquée vers un nouveau destin. Le lecteur va alors suivre tout ce que va subir Sali dans un laboratoire : extradée, purifiée, opprimée, comprimée ! Marcel Hibert raconte d’une manière très vivante et drôle toutes les expériences scientifiques nécessaires à la transformation en « Sali Cyclic-Acid », l’acide salicylique précurseur de la molécule d’aspirine représentée par un schéma. Et maintenant une autre aventure, que va faire « Acétyl Sali » dans le corps d’Odile ? Avez-vous déjà imaginé tout le parcours suivi par un médicament, un véritable « escape game », la chute vertigineuse, l’entrée dans le duodénum « les murs des cellules qui m’entourent se resserrent… la marée nous jette gentiment au contact de la paroi du tuyau rouge… le ruisseau devient rivière et la rivière fleuve torrentiel, bleu Hoggar, comme la nuit dans le désert ». Il s’agit de cibler les enzymes qui produisent des molécules responsables de l’inflammation. C’est une véritable histoire policière mêlée de conte fantastique « Par cette épée (l’Acétyl), si j’arrivais à la planter dans la gorge du dragon, la bête serait peut-être terrassée. Mission accomplie, il s’agit de sortir de là. Oui, mais comment ? Ayant réussi, Sali est en route pour de nouvelles aventures. Elle va se retrouver avec de très nombreux médicament, dans les eaux usées, une grave pollution. Puis sous le pont Mirabeau, à Giverny et dans un carton à dessin avec un bel happy end ! » Puis Marcel Hibert retrace les grandes lignes du processus de conception de nouveaux médicaments, du choix de la maladie à cibler à la découverte de la première molécule active en puisant dans des « chimiothèques » et en prenant en compte deux aspects, la pharmacodynamique et la pharmacocinétique pour transformer ce petit bijou en un produit industriel. Dans un dernier chapitre il évoque son parcours et sa vie de chercheur « Je me souviens ». Marcel Hibert dévoile tout son talent d’auteur, une belle écriture d’un récit très vivant avec références à des œuvres littéraires et son talent de médiateur scientifique, rendant ludiques des processus décrits avec précision en utilisant des comparaisons de notre vie quotidienne. L’humour est toujours présent « je dois avouer que je me fais pas mal de mauvais sang » ! L’usage de la fiction, « cette petite Odilissée de fiction scientifique » aide beaucoup le lecteur à suivre les différentes étapes franchies par le médicament, en l’occurrence, l’aspirine, pour trouver sa cible. C’est un ouvrage passionnant, nous rappelant la mécanique et la dynamique de nos différents systèmes biologiques, notre nature moléculaire et l’histoire et la conception du médicament, qui se lit avec grand plaisir. Une vraie réussite de médiation scientifique pour le grand public !

Marcel Hibert Pr, humenSciences
5/5
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