Un bûcheron découvre « le plus gros poupon qu’on ait jamais vu ! », celle qui va devenir une héroïne, Céleste, « la Mille Mère ». Ce récit passionnant de 196 pages se déroule au Moyen Âge, avec ses chevaliers, ses princes, ses sorcières, la guerre, la religion et les créatures imaginaires. Allant de milieux en milieux très contrastés, Céleste sera successivement une sœur, une demoiselle, une prisonnière, une femme cultivée, une princesse, une guérisseuse, une religieuse et enfin une femme « libre ». Une grande place est accordée à l’acquisition de connaissances, à la culture scientifique (les plantes, la médecine, l’infini et l’infime…) et artistique (le théâtre du vaste monde) et à la nécessité de la transmission du savoir à tous ceux qui en ont besoin. De nombreuses allusions sont faites à la littérature et à l’importance de l’accès des femmes au savoir, « la bibliothèque aquatique de la cité de Dorsodoro est ouverte aux femmes » ! Les Illustrations au début des 12 chapitres sont superbes et bien représentatives des épisodes, à la fois symboliques et précises comme celles du Vaste monde et de la Cité des eaux. De même Nuria Tanmarit fait trembler le lecteur lors des épisodes de guerre ou suscite l’émerveillement lors du spectacle de funambule extraordinaire de Céleste et d’Alto ou de la nuit des étoiles filantes. Une BD exceptionnelle par la richesse du récit et par cette quête d’un monde idéal où la femme pourrait pleinement être elle-même et où « la liberté n’existe qu’au milieu des autres ».
Jean-Christophe Deveney, Ill. Nuria Tanmarit, Éditions Delcourt (Hors collection)