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Alice au pays des sciences

Êtes-vous sûr d’avoir bien lu Alice au pays des merveilles, ce conte « un peu fou » qui a réjoui tant de générations ? Si vous n’avez pas repéré les secrets du lapin blanc et pourquoi le chapelier est fou, alors suivez deux guides parfaitement initiées, Anne-Cécile Dagaeff et Agatha Liévin-Bazin, toutes deux diplômées d’un doctorat en comportement initial, qui aiment se balader dans les classiques de notre jeunesse pour y mettre leur grain de science. Après avoir présenté l’œuvre, son auteur, et la « vraie » Alice, celles-ci vous emmènent dans « une plongée curieuse et scientifique à la découverte du pays des Merveilles et ses habitants ». Rassurez-vous tous les termes « science » en caractères gras sont expliqués dans un glossaire. Et, première surprise : Agatha révèle ses talents dans d’extraordinaires dessins, Alice au milieu des personnages, la tea-party et d’autres très précis sur les animaux cités. Voici quelques exemples de questions abordées. « Des êtres vivants sont-ils capables de changer de taille en l’espace d’une journée?». En donnant comme exemple les grenouilles laquais de la Reine de cœur, vous saurez tout sur la « métamorphose ». Une planche naturaliste et un encadré complètent les informations. Savez-vous quel animal se rapproche le plus des transformations d’Alice ? Le sourire énigmatique du chat du Cheshire interroge : les chats peuvent-ils en réalité sourire ? Mais attention à l’anthropomorphisme, préviennent les auteures. Les animaux inventés par Lewis Carol sont si bizarres qu’on pense qu’ils sont uniquement le fruit de l’imagination de l’auteur. Regardez bien les reproductions du grand balisaur de Cuvier, du jackalope de Conrad Gessner. Vous serez très étonnés d’apprendre qu’ils existent réellement ! Et aussi qu’un « vrai » oiseau, l’aigrette ardoisée imite le parapluie dans son comportement (cf le dessin plein d’humour). Est-ce qu’une chenille peut « fumer » un narguilé alors qu’elle ne respire pas avec sa bouche ? Après avoir décrit les insectes en détails, « les faits animaliers les plus croustillants sont extraits, comme « le quadrille des homards ». Tous les participants vivent-ils dans le même milieu ? Pourquoi les homards sont d’excellents participants ? Pensez-vous qu’il est bien raisonnable que des chaussures sous-marines soient faites à partir de soles et d’anguilles ? A propos de l’histoire du morse et du charpentier, est expliquée et cela vaut le détour, comment se reproduit l’huître hermaphrodite. Qu’en est-il des personnages loufoques ? Le lecteur sera très intéressé d’avoir l’explication de la folie du chapelier, folie due au mercure utilisé dans la fabrication des chapeaux à l’époque de Lewis Carroll. Et pourquoi les lièvres sont-ils fous en mars ? Connaissez-vous le « bouquinnage » (un indice, il ne s’agit pas de bouquin!). Le lapin décrit dans le conte est-il un lapin de garenne ou un lièvre ? Qu’en est-il des produits de la nature qui nous « font perdre la tête », comme l’opium d’où fut isolée en 1804 la morphine par des Français. Savez-vous que lorsque vous mangez un champignon, vous mangez son appareil reproducteur ? Il ne faut pas oublier qu’ « il est toujours l’heure du thé ». Mais de quel thé s’agit-il, camelia sinensis ou japonica ? Il n’est pas possible de parler de thé sans un magnifique parterre de roses à humer. Pourquoi la Rose dit à Alice « Vous êtes de la couleur qu’il faut, et cela, c’est très important ». Le concept de l’hypothèse de la reine rouge fait référence à un passage célèbre quand Alice est étonnée de se retrouver au même endroit alors qu’elle court de plus en plus vite. Pourquoi est-elle très utilisée en biologie ? Cet ouvrage est d’une grande richesse culturelle car les références littéraires et scientifiques sont très nombreuses comme la prédiction de Darwin d’un papillon possédant une trompe d’au moins 25 cm pour polliniser une orchidée avec un grand éperon. Anne-Cécile Dagaeff et Agatha Liévin-Bazin démontrent leur talent de médiatrices scientifiques en offrant une relecture passionnante d’Alice au pays des merveilles sous le regard des sciences. Toutes ces découvertes des richesses de la nature font réaliser que nous vivons nous aussi dans un « pays des merveilles » qu’il est indispensable de protéger.

Anne-Cécile Dagaeff, Agatha Liévin-Bazin, Belin

5/5
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