Dès les premières planches, une merveille d’illustrations, emmenant le lecteur dans la jungle, suscite l’admiration ! Zoom sur une petite cabane dans les arbres où vit l’auteur qui doit retrouver Carlo Rovelli, un célèbre physicien italien. Quand il était étudiant à Luminy, en Beaux-arts, s’intéressant à la physique quantique, il s’interrogeait sur les liens entre science et art : « La couleur est à la matière ce que la toile est à l’espace-temps ». Et voilà qu’un scientifique et un artiste se retrouvent dans la jungle ! Qu’est-ce que la science ? Nous adoptons une attitude scientifique à partir du moment où on prend conscience que « certaines choses sont partielles , que nous partons à l’aventure en suivant nos intuitions et que nous sommes prêts à douter, à changer nos points de vue sur ce que nous voyons. L’histoire des sciences est essentielle car elle permet de voir comment se sont faites les grandes avancées scientifiques. Où se trouvent les limites de notre jardin ? Quand nous allons trop loin dans l’extrêmement petit ou grand, on ne voit plus rien ! Les illustrations d’Elisa Macellari ont une autre qualité, outre une mise en scène originale et d’une grande variété, celle de permettre au grand public, par des schémas explicites, de bien comprendre les concepts et théories scientifiques présentées. Un bel exemple en est donné par la présentation de la théorie de la relativité et de la mécanique quantique avec l’exemple de la feuille d’un arbre. Sera-t-on capable de découvrir une théorie unifiant la mécanique quantique et la relativité générale provoquant une révolution comparable à celle d’Anaximandre qui a affirmé que le ciel entoure la Terre ? Et aujourd’hui, quelle est notre vision du monde ? Pourquoi est-elle limitée ? Que penser de la vision linéaire du temps de Newton ? Einstein par sa théorie de la relativité générale a démontré que « le temps s’écoule plus rapidement en haut qu’en bas ». Carlo Rovelli prend des exemples très concrets pour nous faire comprendre la complexité de la notion du temps : je peux décrire la surface de l’eau dans un verre mais que se passerait-il si nous rapetissions ? Il fait aussi référence à des expériences de savants célèbres dont Galilée mesurant la durée des oscillations. L’artiste et le scientifique continuent leur périple le long du fleuve qui sert de comparaison pour expliquer la nature du temps. Carlo Rovelli compare l’espace-temps à une grande méduse dans laquelle nous sommes immergés, exprimant son accord avec les grands physiciens, Heisenberg, Dirac et Bohr pour qui les lettres de l’alphabet cosmique sont les quarks, les gluons, les électrons, les photons , les neutrinos. Connaissez-vous John Archibald Wheller, pour Carlo Rovelli, l’un des plus grands, qui a émis une hypothèse déconcertante? Le lecteur en suivant l’enchainement logique d’idées, bien soutenues par les dessins scientifiques, arrive à réaliser, comme le dit Carlo Rovelli, que « le monde est apparemment relations avant que d’être objets ». Un autre exemple pertinent est celui d’un match de tennis. A l’échelle de Planck et avec les yeux de la gravitation quantique à boucles (spécialité de Rovelli), on verrait « toutes les trajectoires de la balle en même temps ». En octobre 2015, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, a été détecté le passage d’une onde gravitationnelle. « Un siècle après leur prédiction, par la théorie d’Einstein, elles ont été détectées expérimentalement » ! Illustration incroyable représentant deux choses tellement différentes ! Pendant qu’ils écoutent des simulations d’ondes gravitationnelles, les singes semblent se « syntoniser » sur la même fréquence. Carlo Rovelli commente la théorie de l’Univers participatif de Wheeler ! Et au final il fait part de la conception d’un philosophe bouddhiste qui explique pourquoi le temps peut émerger. Et bien sûr, il fait référence au « trou blanc » titre de son dernier livre. En fin d’ouvrage, un glossaire, par ordre d’apparition, de gravitation quantique à trou blanc en passant par champ de Higgs, explicite les notions scientifiques essentielles. Cette bande dessinée « science » en physique théorique, est exceptionnelle, surprenante par son scénario, la rencontre d’un artiste et d’un physicien dans la jungle et par son graphisme d’une grande qualité esthétique et scientifique. Elle est une réussite totale sur le plan de la médiation scientifique, une mise en images des pensées de Carlo Rovelli, un grand physicien, rendant accessibles pour le grand public des théories abstraites pas faciles, la relativité générale, la physique quantique, la gravité quantique à boucles « Loop Quantum Gravity », les trous noirs et blancs, la nature du temps et de l’espace.
Ballade pour un bébé robot
Quelque part dans l’univers lointain, sur la planète « New Earth », après plusieurs phases de colonisation, des êtres humanoïdes sont apparus avec des langages de communication