Comment en arrive-t-on à diriger le service d’Immuno-hématologie et rhumatologie pédiatrique à l’hôpital Necker-enfants malades, à être un grand spécialiste des maladies du système immunitaire et fonder un Institut de recherche ? Le parcours d’Alain Fischer démarre en décembre 1969, lorsqu’ étudiant en médecine, il fait un stage dans un service de pédiatrie à Necker. Il est édifié du courage de Soumeya, une enfant atteinte de déficience immunitaire. Il pressent alors, ce qui sera le fil directeur toute sa vie, que la science est indispensable pour faire progresser la médecine. Il sera à la fois médecin et chercheur. Ses études achevées, le cours d’immunologie à l’Institut Pasteur sera une « révélation ». Il fait un stage de deux ans à Londres. Les recherches génétiques pourraient permettre d’établir des liens entre immunologie et génétique. Maxime Seligmann, immunologiste, l’a beaucoup inspiré. Nommé chef de clinique à Necker, il monte une équipe de recherche au sein d’un laboratoire de l’Inserm. Ce fut le début d’une grande aventure collective racontée en cinq grandes parties. Les explications très approfondies sont explicitées par 51 figures. Tout d’abord il expose les bases des connaissances du système immunitaire et de la génétique. Il explique comment on est passé de patients vulnérables au concept de déficiences immunitaires héréditaires (DIH). Comment celles-ci ont été découvertes ? Comment étaient soignés les « bébés-bulles » ? Quelles ont été les débuts de la thérapie génétique ? Où en est-on aujourd’hui ? Quelles maladies sont traitées par thérapie génétique ? Dans le chapitre II, sont données les clés pour comprendre le système immunitaire. Quelles sont les maladies du système immunitaire ? Quelle est l’histoire de la génétique ? Quels ont été les travaux de recherche à Necker-Enfants malades sur les DIH ? Quelles sont les erreurs innées de l’hérédité ? Savez-vous qu’aujourd’hui plus de cinq cents d’entre elles ont été décrites ? Puis est montrée la richesse des recherches qui ont suivi un chemin atypique. Sont évoqués cinq domaines de recherche sur les erreurs innées de l’immunité : les mécanismes de diversification de la reconnaissance de l’antigène par les lymphocytes T et B : les mécanismes d’activation des lymphocytes T : les mécanismes par lesquels les lymphocytes tuent : les mécanismes de défense contre le virus d’Epstein-Barr, responsable de la mononucléose infectieuse et les mécanismes par lesquels le système immunitaire se contrôle pour éviter la survenue de maladies auto-immunes. Le chapitre III porte sur les vaccins et en particulier sur la campagne de vaccination contre le Covid. Dans le chapitre IV, le Pr Alain Ficher propose des pistes de réflexion sur la place donnée à la recherche et plus généralement à la culture scientifique dans la société. Les contributions des mathématiques, de la physique, de la chimie et de l’informatique ont permis à la médecine de faire de grands progrès. La biothérapie, l’utilisation de molécules biologiques comme médicaments, s’est considérablement développée. Une aventure essentielle est celle de l’ARN thérapeutique. De nombreux défis restent à relever, en particulier pour les maladies liées à l’environnement. Quelles sont les évolutions de la recherche médicale aujourd’hui ? Cette recherche comporte quatre dimensions : fondamentale, translationnelle, clinique et en santé publique, qui, pour des raisons d’efficacité, sont à réunir dans un même lieu. Il y a neuf ans, fut construit l’« Institut des maladies génétiques Imagine » qui a nécessité l’implication des pionniers de la recherche à Necker dont Claude Griscelli, de longues concertations avec d’autres services et la recherche de financement. Cet IHU est une source d’innovations médicales et un lieu réputé de formation. Il y a actuellement sept IHU en France. Il en faudrait beaucoup plus. « La recherche médicale française n’est pas en très bonne santé, en tous les cas lorsqu’on la compare à celle de nos voisins européens ». il y a un déficit de financement et le système est très complexe. De plus le monde scientifique et le monde des décideurs politiques et économiques ne se connaissent pas. De ce fait , est proposé un plan pour la recherche médicale et pour promouvoir la culture scientifique. Et demain quelle médecine ? Le particulier connecté à « Ma santéconnectée.com » aura t-il en quelques heures les résultats des examens nécessaires à son état et une ordonnance pour récupérer ses médicaments au distributeur automatique ? Il s’agit d’un enjeu éthique fondamental. Un autre problème important est le coût des médicaments innovants : quelles solutions ? Des mesures sont à prendre pour créer un environnement plus favorable pour attirer et garder des médecins-chercheurs. Il serait aussi essentiel d’accorder une plus grande place à l’expertise scientifique avant qu’une décision politique soit prise. La dimension culturelle de la science, trop souvent méconnue et peu reconnue, devrait figurer au même titre que les activités artistiques dans la société. Cet ouvrage, apportant des informations approfondies sur l’immunologie et la génétique, permet au grand public d’être au cœur d’un parcours exaltant d’un professionnel de la santé qui insiste sur la nécessité absolue d’allier médecine et recherche et de faire une grande place à la culture scientifique.
Mars Horizon
Mars Horizon est la première parution d’ « Octopus », la nouvelle collection scientifique dirigée par Boulet. Celle-ci a pour but de faire découvrir et comprendre les