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La science à l’épreuve des mauvaises langues. 10 idées reçues décryptées pour bien comprendre la démarche scientifique

Dans cette période de méfiance vis-à-vis de la science, Annabelle Kremer-Lecointre, enseignante-chercheuse en SVT, formatrice et auteure de plusieurs ouvrages dont « Femmes de science », passe à la loupe des idées reçues sur la science. Le grand public et en particulier les enseignants ont besoin d’arguments solides pour apporter des réponses constructives aux personnes qui affirment des contre-vérités. Arnaud Rafaelian, illustrateur et graphiste de talent, reprend des idées importantes en les illustrant avec des dessins percutants plein d’humour, comme le dessin où on voit une tortue « Infos sciences » essayer de rattraper un lièvre « Fake news » et le dessin « épouvantable » du péril scientifique. Pour chacune des dix idées reçues, l’auteur montre comment une explication simplifiée empêche le débat, en s’appuyant sur l’histoire des sciences et l’épistémologie, avec une bibliographie d’ouvrages et d’articles scientifiques. Quelques-unes de ces dix idées reçues. « La science est-elle une affaire de génies ? » Est-elle vraiment le fait de quelques génies isolés ? « Ce qui est certain c’est qu’aucun scientifique, tout « génie » qu’il soit, n’a jamais été isolé dans sa tour d’ivoire. Dit autrement, « le génie solitaire n’existe pas ». Parmi tous les grands noms pourquoi les femmes sont-elles si peu nombreuses ? « S’il n’y a pas d’expériences, ce n’est pas de la science ! ». Mais en science fait-on toujours des expérimentations ? Après des explications sur la démarche scientifique, une démarche rigoureuse qui implique la vérification des hypothèses, elle présente les expériences sans expérimentation : ce sont les « expériences de pensée », dont la célèbre hypothèse de Démocrite sur les atomes, l’expérience de pensée de Galilée sur la chute des corps et la théorie de l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle de Darwin. « La science produit des informations comme les autres ». En quoi l’information scientifique se distingue-t-elle de l’information journalistique ? Comme l’information journalistique, la science doit produire du neuf. « Cependant en science, la construction du fait est lente : ce n’est nullement un aboutissement mais une étape menant à la connaissance… » Comment les informations scientifiques s’articulent-elles ? « Le fait scientifique est une information issue d’un travail collectif et réitéré et surtout, il est discuté et donc révisable, contrairement à l’information journalistique… Un savoir est une information de niveau supérieur : il relie plusieurs faits entre eux. » La connaissance est une information de niveau supérieur. « C’est la théorie qui donne une signification aux faits et les connecte entre eux ». Annabelle Kremer-Lecointre donne comme exemple la théorie du réchauffement climatique. Il faut constater que le public n’accède qu’à très peu d’informations scientifiques. Pour dénoncer certains traitements de l’information scientifique par des médias, un collectif « NoFakeScience » a été créé. « Les scientifiques se trompent, on ne peut leur faire confiance ». Comment faire confiance à la science puisqu’un savoir est susceptible d’être amélioré ou abandonné ? « L’histoire des sciences montre que de tout temps les savoirs ont été questionnés, et heureusement ! Cette remise en question a permis de passer d’une Terre présentant une géométrie figée à celle d’une Terre animée de mouvements tectoniques ». La fiabilité de la science se manifeste par l’utilité quotidienne de ses applications. Savez-vous que chaque jour, des centaines de millions d’utilisateurs vérifient la théorie de la relativité sans le savoir en utilisant leur GPS ? « Les experts scientifiques sont-ils tout-puissants et corrompus ? ». La méfiance vis-à-vis des experts est alimentée par des scandales politiques et industriels. Malheureusement il y en a toujours eu. Didier Raoult, Frédéric Seltz et Jacques Benveniste ont terni l’image d’experts scientifiques. Après avoir rappelé l’histoire de la notion d’expertise, l’auteure rappelle ce que n’est pas un fait scientifique, bien différent du fait journalistique et les missions d’un expert scientifique, en prenant comme exemple la gestion de la pandémie du Covid-19. La manière collective dont la science se pratique donne des garanties méthodologiques et éthiques. Sont énumérés les « principes directeurs » de l’expertise scientifique par le Centre d’Alembert et chimie. Dans sa conclusion, Annabelle Kremer-Lecointre cite le scientifique et philosophe Jean-Claude Baudet : « La science peut se tromper. Mais elle est capable de constater qu’elle se trompe. Elle peut corrige ses erreurs. La science n’est pas vraie. Elle est vérifiable. La science n’est pas parfaite. Elle est perfectible. Elle est en constante construction ». Cet ouvrage, partant d’idées reçues et apportant des réponses fort bien argumentées, est indispensable pour donner des idées justes sur ce qu’est la science, comment elle se fait et sa place dans la société.

Annabelle Kremer-Lecointre, Ill. Arnaud Rafaelian, Delachaux et Niestlé (Essai)

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