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Germaine Richier. La femme sculpture

Bayard graphic’ est un nouveau label né du désir d’associer la passion d’informer et celle de transmettre des histoires. Les autrices sont des journalistes et des illustratrices qui savent « écrire le réel » et le mettre en scène. Laurence Durieu est journaliste, petite nièce de Germaine Richier qui a accumulé des archives familiales et réalisé de nombreux entretiens sur cette « géante de l’art moderne ». Elle a souhaité faire connaître « l’extraordinaire richesse, la diversité et l’inventivité plastique de son œuvre ». Le Centre Pompidou consacre une rétrospective sur son œuvre à partir du 1er mars 2023. Olivia Sautreuil est illustratrice pour la presse et l’édition. Elle a adapté le scénario à partir d’archives photographiques et de différentes lectures en bande dessinée en noir et blanc, parfait pour jouer avec le fond et la forme. Le récit commence en 1956 au Musée d’art moderne lors de sa consécration « Vous êtes l’artiste le plus complet qui soit… Partout vous percevez un mouvement biologique ». Retour dans le passé, petite fille, elle aime être dans la garrigue et préfère observer les insectes plutôt que d’aller à l’école, super dessin, sur fond noir, d’un hibou ! Elle est fascinée par les statues du cloître de Saint-Trophime magnifiquement représentées par Olivia Sautreuil. Elle veut être sculptrice mais son père lui répond que « le monde de l’art n’est pas fait pour les femmes ». Déterminée, elle suivra des cours aux Beaux-Arts de Montpellier. Très belle représentation, sur double page, d’un grand bas-relief de Bourdelle à l’opéra de Marseille : « Quelle splendeur ! ». « Poussée par une force irrésistible » qui l’a fait prendre la direction de Paris, elle arrive à être l’élève du grand sculpteur Bourdelle. Mariée à un artiste, elle ouvre un laboratoire où on « travaille l’humain ». Ses indications à ses élèves « on doit sentir ta main, ta passion » sont super bien traduites dans les dessins. Une première exposition remporte un grand succès ! Mais en 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne. Se trouvant en Suisse, elle va y rester tout en continuant à travailler, une « femme insecte », partir de la racine des choses, des branches très noueuses d’olivier comme des bras nerveux… De retour seule à Paris, elle va continuer à livrer bataille « plus convaincue et acharnée que jamais ! ». Elle suscite beaucoup d’admiration pour « Le diable », « Forêt », la « Femme-coq », « Berger des Landes »… se renouvelant sans cesse, mais aussi le scandale pour son Christ de l’église du plateau d’Assy. Magnifique représentation d’une « Femme de bronze » dominant la mer pour l’éternité. À la fin de la BD, un lexique donne des informations sur Assy, son travail, la gravure, René de Solier, triangulation, technique « faisant mentir le compas ». Cette bande dessinée démontre l’urgence et l’importance de redécouvrir le travail de Germaine Richier, au tempérament exceptionnel, qui a bouleversé la sculpture du XXe siècle, par sa communion avec la nature, ses œuvres prêtes à s’animer comme des personnes vivantes.

Laurence Durieu, Ill. Olivia Sautreuil, Bayard graphic’/ Centre Pompidou

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