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Celle qui parle

Des femmes ont joué un grand rôle dans l’histoire de leur pays et pourtant elles sont peu connues du grand public. C’est le cas de Malinalli, fille d’un chef aztèque, au XVIe siècle, en Amérique centrale. Son père déchu, elle est vendue à un autre clan, pour travailler aux champs et satisfaire la libido de son nouveau maître. Puis Hernan Cortès arrive au Mexique avec d’immenses navires pour chercher de l’or. Le conquistador repère Malinalli pour son don des langues et celle-ci deviendra son interprète, La Malinche. Pour des historiens, cette collaboration avec Hernan Cortès est vue comme une trahison. Des recherches ont été menées pour examiner de plus près sa vie avec Cortès. L’auteure a passé deux ans pour réaliser cette extraordinaire bande dessinée. Alicia Jaraba a imaginé cette histoire, voulant montrer ce que les femmes endurent et restituer sa place à une des plus grandes figures féminines de l’histoire. Elle a construit sa propre Malinche. Le graphisme est superbe. Alicia Jaraba fait preuve d’un grand talent pour restituer les paysages et la vie des Aztèques. Le récit est découpé en épisodes chronologiques, avec des teintes différentes selon la nature des événements. Le récit commence en 1511, au village d’Oluta où les habitants se cachent quand les Mexicas arrivent pour venir chercher des gens pour leurs sacrifices. Malinalli comprend qu’il faut apprendre leur langue, elle est « celle qui utilise la parole ». Sa grand-mère lui apprend ce qu’est être une femme et surtout une « femme qui refuse de se taire ». Devenue esclave, elle vit des moments difficiles représentés par un découpage de vignettes montrant tout ce qu’elle éprouve. Puis ce sera les hommes blancs de la mer, représentés par des dessins où ils paraissent immenses, tels des dieux. L’auteur montre comment la population croyant se libérer, accueillent avec des cadeaux ces hommes blancs. Ceux-ci veulent les protéger mais il faut qu’ils renoncent aux sacrifices humains et acceptent leur dieu. Appelée Marina par Cortès, elle a bien du mal à traduire ces exigences ! Marina se révolte et ose dire « non » ! « Sans moi, vous ne pourriez jamais transmettre les vôtres » ! Le lecteur est touché par ce très beau récit de la vie d’une femme, son héroïne que l’auteur nous fait aimer : « Elle est jeune, inexpérimentée, souvent dépassée par les événements. Mais elle est surtout, je l’espère, humaine ».

Alicia Jaraba, Grand angle

5/5
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