Depuis toute petite, Lya-Rose Craig a été au contact des oiseaux. A la maison elle feuilletait des livres magnifiquement illustrés. Avec ses parents, elle a voyagé à travers sept continents à la découverte d’oiseaux rares. Elle a constaté la perte de la biodiversité du fait du réchauffement climatique et de l’action des hommes et a tout naturellement évolué vers le militantisme politique et écologique. A 18 ans elle a pris la parole aux côtés de la militante Greta Thunberg. La vie familiale n’était pas facile du fait que sa mère souffrait de graves troubles mentaux. Dans cet ouvrage elle veut montrer « le rôle fondamental qu’ont joué les oiseaux » dans sa vie familiale et personnelle. Sous forme de journal, avec de nombreux détails sur les pays, Mya-Rose Craig raconte, au fil de ses rencontres « uniques », des « moments de nirvana » avec ces magnifiques créatures, le jardinier prince-régent, le colibri cyanote, le fuligule à dos blanc… comment se sont déroulés les voyages et les expéditions à travers le monde. A l’âge de huit ans, elle est partie en famille en Amérique du Sud, en Équateur, espérant que ce voyage ferait du bien à sa mère. Le récit est très vivant, décrivant les paysages, la vie des habitants, les conditions matérielles du voyage, l’état de sa maman… Sur son petit carnet, elle va noter toutes ses observations. J’avais le souffle coupé, émerveillée par le « colibri porte-épée et ses fantastiques ailes vertes iridescentes… un colibri improvisait un spectacle rien que pour moi ! Comment faisait-il pour voler avec un bec si long ? C’est à ce moment précis qu’est née ma passion pour les colibris. J’ai annoncé à mes parents que je comptais voir les 374 espèces de colibris qui existent dans le monde ». Encore petite, « elle comprenait que les oiseaux… nous permettraient, ne serait-ce qu’un instant, de détourner les yeux de notre vie et de nous tourner vers le ciel ». Ils se rendent au Bangladesh, le pays de sa mère. Lors d’une balade au cap, la pic grièche se montre « avec son masque de bandit sur les yeux ». Elle a un coup de foudre pour le guêpier noir, sa gorge est d’un rouge éclatant contrastant avec le noir jais. Puis ce sera de nouveau l’Amérique du Sud qui abrite un tiers des oiseaux du monde, près de 3500 espèces dont environ 2500 endémiques. Elle va avoir la joie de revoir ces chers colibris, pour la première fois des incas noirs et des arianes à front bleu qui n’existent qu’en Colombie. Les colibris sont capables de faire jusqu’à 90 battements par seconde. Leurs ailes, fait unique, produisent de la portance aussi bien pendant les courants ascendants que descendants. En Antarctique, ils vont passer 10 jours à bord d’un brise-glace. L’albatros hurleur a une envergure pouvant dépasser trois mètres ! Il passe la plupart de son temps en mer. Mais il est victime de la pêche à la palingre ! Elle a la chance de voir l’oiseau de ses rêves : le pétrel des neiges. Elle est de plus en plus déterminée à lutter activement contre la diminution de la biodiversité et l’accès équitable de tous à la nature. Grâce à sa mère juriste, elle crée « Race Equality in Nature « , une conférence où il y a eu une centaine de participants. Elle se rend compte en Californie que les feux de forêt, conséquences du changement climatique, sont une vraie catastrophe. Son père voulait voir un condor de Californie qui est gravement menacé. Les projets des communautés locales autochtones lui paraissent les meilleurs pour la conservation de la biodiversité. En 2016, elle fonde « Blackk2Nature », une association pour augmenter la présence des minorités visibles dans la nature. En Indonésie, le paradisier de Wallace a été l’un des plus beaux oiseaux de ce pays. A Madagascar, le serpentaire, un rapace, est une espèce extrêmement rare. Son père court vite chercher sa mère. Un beau moment d’harmonie familiale ! En 2020, elle s’engage complètement dans la lutte écologique ; Elle est interviewée sur les plateformes. Greta Grinberg annonce une journée internationale de lutte contre le changement climatique. Les journalistes la prennent en photo au Pôle Nord. Mya -Rose Craig a conscience de sa chance. « Ma vie ne serait pas la même si je n’aimais pas les oiseaux… Les oiseaux m’ont appris l’écoute, l’observation et la patience, trois beaux principes, non ? ». Ce récit d’une vie hors norme est tout a fait passionnant. Le lecteur suit depuis l’enfance, la naissance et le développement d’une militante hors pair de la protection de la nature et des minorités. C’est un témoignage émouvant sur le plan humain et qui donne envie de s’engager à son tour.

Mya-Rose Craig, Actes sud